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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 19:45

Lundi 2 janvier

-          Matin moteur rapidement remis en fonction à Ushuaia grâce aux services de Roxanna qui assiste les navigateurs amarrés au ponton du club Afascyn et au mécano local qu’elle a su dénicher un jour férié pour trouver-le-boulon-apte-à-colmater-la-fuite-d’air-du-tank-bâbord.

-          Après-midi : le team Alioth est opérationnel. Il est enrichi de la participation de Laurent, ami du Cotentin et tout nouveau membre de l’équipe, et de Hubert, qui, déterminé à lutter contre le destin, signe pour un troisième mais court contrat. Les formalités d’un départ a priori définitif d’Alioth d’Argentine, sont suivies vers 17h30 d’une sortie de la baie d’Ushuaia pour Puerto Williams (Chili).

-          Arrivée à 21h à Puerto Williams avec interdiction de débarquement et privation de Micalvi, le rendez-vous nocturne des navigateurs, les formalités d’immigration ne pouvant se faire que le lendemain matin.

Mardi 3 janvier

-          A 8h Alioth rejoint le Micalvi : douches, météo, formalités (Armada, immigration, douanes).

-          12h départ vers le Sud pour profiter d’une courte fenêtre météo qui devrait nous permettre de virer le cap sous la contrainte d’un rapide aller-retour. Plus question d’attendre des semaines, il s’agit là de notre dernière chance.

-          Nous organisons notre descente pour arriver au petit matin et par l’Est pour éviter le passage par les canaux de nuit. Nous laissons au large l’île Sésambre où nous suggérons à nos amis Laure et Jacques de venir fêter leur prochain anniversaire de mariage en toute intimité (que les non initiés veuillent bien pardonner ce private joke).

Mercredi 4 janvier

A l’arrivée au sud-est de l’île Deceit, le vent annoncé à 20-25 nœuds se lève brutalement à 35-40 nœuds. Nous sommes à 7 milles nautiques du Horn que nous ne pouvons pas même apercevoir tant les conditions de visibilité sont exécrables. Le paquebot l’Austral est à 4 milles dans l’ouest, prêt sans doute à débarquer ses passagers sur l’île du Horn. Refusant de lutter contre un vent d’ouest-sud-ouest dont nous ne connaissons pas l’évolution, nous décidons de rebrousser chemin. Deux solutions : se réfugier à la caleta Martial, sur l’île Herschel, ce que nous recommande l’Alcamar de Cabo de Hornos ou remonter directement vers Puerto Toro, à l’est de l’île Navarino, ce qui promet une route dure et agitée. Le vent monte à 50 nœuds avec rafales à 60. Rapidement Alioth revêt sa tenue des grands mauvais temps : trois ris et tourmentin. Nous longeons Deceit sur sa façade est et au nord de l’île tentons le passage vers l’ouest qui, en cas de succès, nous permettrait, de nous mettre à l’abri dans la caleta Martial.

Aidé du moteur, bord sur bord, Alioth parvient à s’immiscer dans la baie. Là, le vent reste virulent mais la mer se calme peu à peu et, en une bonne paire d’heures, nous rejoignons le mouillage de Martial. Le bateau anglais Dalliance s’étant mouillé dans la partie nord, nous prenons le parti de nous installer dans la partie sud : dans ces conditions de temps, mieux vaut garder ses distances…. Le vent souffle en rafales de 50 à 60 nœuds. La mer est magnifique mais il est des spectacles dont on ferait volontiers l’économie.

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                                                                 Au mouillage dans la caleta Martial

Nous soulageons notre mouillage au moteur mais craignons en effet un dérapage qui pourrait virer à la catastrophe sur les cailloux relativement proches. Heureusement le fond sableux est de bonne tenue et, au cours de l’après-midi, le vent diminue, l’équipage se détend. Hubert et Luc en profitent pour mettre à l’eau le casier à crustacés en nous promettant pour le soir quelques centollas … que nous attendons toujours.

Martial était le nom du commandant du bateau La Romanche. Accompagné du Docteur Hyades et missionné par la Société Française Hydrographique, il fut chargé d’effectuer les relevés topographiques et hydrographiques des îles du Cap Horn et du faux Cap Horn en 1882 et 1883. On lui doit sans doute l’essentiel de la cartographie actuelle.

Jeudi 5 janvier

Si le vent s’est passablement calmé, la météo reste défavorable et les conditions que nous observons de notre calanque sont bien différentes de celles qui règnent à quelques milles de là au lieu de la confrontation tumultueuse entre Atlantique et Pacifique. L’après-midi nous décidons d’une expédition à terre en annexe. L’accès se fait par une séduisante petite plage qui étonne dans ces contrées hostiles mais l’intérieur de l’île Herschel est difficile tant est dense la forêt de hêtres (arbres de très faible hauteur dénommés coigües) qui la cerne en basse altitude. Les arbres sont de véritables bonzaïs qui feraient le régal des spécialistes, l’eau est omniprésente (rivières, étangs…) et le sol spongieux et tourbeux est recouvert de mousse. Nous poursuivons, la marche un peu lourde, vers le sommet de 300 à 400m. De là, nos efforts sont récompensés par une vue exceptionnelle sur les îles de Hall et du Horn. Si nous ne parvenons pas jusqu’au cap, au moins l’aurons nous découvert de ce point de vue panoramique rare et inattendu….

Les îles du sud chilien se divisent en deux archipels : L’Hermite (qui comprend l’Isla de Hornos) au sud et Wollaston au nord.

Vendredi 6 janvier

Nouvelle journée de météo dissuasive. Pour notre plus grand plaisir, Polarwind et Resolute nous rejoignent. Ce sont six ou sept bateaux qui sont maintenant en attente dans la caleta : tenemos que esperar. Nouvelle promenade à terre l’après-midi non sans avoir rendu visite en annexe aux bateaux amis au passage. Franck (Resolute), mécanicien professionnel bien informé des défaillances ponctuelles de notre Nanni, trouve bonne mine à notre petit 6cv Suzuki et nous conseille un tour du cap Horn… en dinghy…. Le vent souffle fort en fin d’après midi et, du côté nord de la caleta, les bateaux vivent un moment difficile avec le dérapage sur ancre de Polarwind sur le mouillage de Resolute.

Pour tromper l’attente, Hubert et Luc nous réjouissent d’une soirée crêpes à l’occasion de laquelle se révèlent les talents de chanteur de Laurent au registre impressionnant.

Samedi 7 janvier

Espoir, déjà annoncée la veille : la dépression se comble et une accalmie est prévue vers 12h. Le ciel est bas, il pleut et il fait froid. Outre les contacts avec l’Alcamar qui piste les voiliers à l’occasion de vacations bi-journalières, les bateaux échangent entre eux par VHF sur thématique météo, heure probable ou souhaitée de départ, anecdotes diverses… Isolés dans leurs bateaux respectifs, les équipages sont prêts à lever l’ancre. Ce n’est qu’à 16h que l’accalmie se confirme et nous décidons sur le champ, en compagnie de Polarwind et de Resolute, de prendre la route du cap. Le temps reste très bouché mais le vent de secteur ouest de 15 à 20 nœuds nous permet de passer le Cap Horn à la voile dans l’atmosphère obscure dont on se plaît souvent à imaginer le lieu.

Nous fêtons ce grand moment, à la position 67°19’17 Ouest et 56°00’00 S par un champagne offert au Havre en octobre 2009 par nos amis Catherine et Frederick ! Nous avons bien sûr une pensée pour notre neveu Arnaud si déçu, en décembre, de ne pouvoir atteindre l’objectif mais qui, contre mauvaise fortune bon cœur, s’était fait sien le vieux dicton marin : « En mer, crains le pire, espère le meilleur et contente-toi de ce qui vient ». Une pensée aussi pour Brigitte, Jean-Yves, Guillaume et Léa qui sur Polarwind ont subi, au cours des semaines passées, les mêmes vicissitudes météorologiques que nous. Un clin d’oeil enfin à nos amis d’Hakéa qui ont franchi le passage de Drake et séjournent depuis le 4 janvier en Antarctique.

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                                                                Passage du Cap Horn

Si nous sommes tous heureux de cette journée qui marque fortement notre périple marin, nous saluons particulièrement la prestation de Laurent qui vient ce jour de réaliser la performance rare du passage des trois caps. Respect !

A la pointe nord-est de l’Isla de Hornos, nous rejoignons la catela Leones pour escalader « le caillou ». Visite du monument qui honore la mémoire des disparus du Cap Horn, de la petite chapelle des marins et du phare où séjourne pour une année un couple et ses deux enfants qui, outre leurs responsabilités de gardiennage du phare, accueillent les marins de passage et tamponnent abondamment passeports et livres de bord.

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                                                                       Le phare de l'île de Horn

Le temps est sombre, le coucher de soleil ourle l’horizon d’une longue traînée rouge ; à 22h30, il fait presque nuit lorsque nous redescendons à bord. Nous reprenons directement notre route vers le nord, passons entre les îles Deceit et Herschel et après une navigation par temps plat rentrons directement au moteur et sous grand soleil à Puerto Williams le lendemain midi. Hubert prendra le temps de cueillir pour le bord  un petit bouquet de fleurs de la fin du monde…

Insertion ici d’un paragraphe spécifique pour honorer notre Nanni qui a crânement assuré son service lors de cette semaine mémorable !

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L’île du Horn doit son nom à l’expédition de Schouten et Le Maire qui, le 24 janvier 1616, ont découvert le détroit entre l’Ile des Etats et la Péninsule Mitre située à l’extrémité sud-est de la Terre de Feu. En continuant leur route, ils virent le 28 janvier une terre qu’ils appelèrent Cap Horn (Hoorn Cap) en mémoire de la ville hollandaise de Hoorn dont ils étaient originaires.

Dimanche 8 janvier

A peine arrivés à Puerto Williams, Hubert, qui connaît tous les voiliers et équipages de la contrée, trouve un bateau susceptible de le ramener lundi à Ushuaia. Un « grand » dîner à bord permet de fêter conjointement notre passage du cap, les deux mois et demi de navigation si agréablement partagés avec Hubert et les deux ans du départ d’Alioth de Cherbourg (8 janvier 2010). Pain fait de la main de Luc, cassoulet offert par Elisabeth (à distance !), gâteau au chocolat réalisé par Dominique, le tout introduit par le whisky de Christine et Jean-Michel et accompagné d’un San Huberto argentin.

Dernière grande soirée au Micalvi pour nous tous. Derniers Pisco-sour du lieu. Derniers bons moments tous ensemble agrémentés d’une petite chanson destinée à Hubert sur un air aisément identifiable :

Micalvi, c’est fini,

Et dire que tu y bus ton premier pisco-sour,

Micalvi, c’est fini,

Mais nous sommes sûrs que tu y reviendras un jour.

 

Après Barlovento,

La caleta Horno,

Puerto Deseado,

Puis Cabo de Hornos

Une panne de guindeau

De l’air dans les tuyaux

T’en as eu du boulot

Sur ce fichu barco.

 

Micalvi…

 

Nous n’oublierons jamais

Ces intenses semaines

Où tu as bien donné de tes jeunes années.

Nous n’oublierons jamais,

Tu as eu tant de peine

Car être Cap Hornier,

Ce n’était pas gagné.

 

Micalvi…

 

Ce matin, lundi 9 janvier, Hubert a quitté Puerto Williams sur le Tari II ; une nuit ou deux sur Pégase amarré à Ushuaia en compagnie de Maoro, puis quelques jours à Buenos Aires chez  Pablo ou Brigitte et Jean-Yves avant un vol sur Paris prévu en début de semaine prochaine et un retour prochain vers les terres et les chasses de Bécon les Granites !

 

Le team Alioth est bien sûr un peu triste (et Franck aussi !) car après un si long séjour, le départ d’Hubert laisse un grand vide, mais il se réjouit d’aborder en compagnie de Laurent  une nouvelle phase de la saison, soit six semaines de remontée des canaux vers Puerto Natales qui promettent des mouillages et des paysages hors du commun.

 

Ici, d’autres jouent le grand Sud sur le registre de l’exploit. Freya Hoffmeister, de nationalité allemande, après avoir fait le tour de l’Islande, puis celui de l’Australie en kayak s’est attaquée au tour de l’Amérique du Sud (24000km-24 mois). Sur son tout petit esquif, elle vient de franchir le Cap Horn avec un peu de casse mais sans souci majeur. Ivan Bourgnon, lui, veut tenter avec un comparse un aller retour Puerto-Williams-Cap Horn-Puerto Williams sur un petit catamaran vert pomme qui essaie de conjuguer présence de la presse et conditions météo pour prendre le départ. Suerte !

 

Amistad !

 

PS1 : nous essaierons de mette quelques photos sur l’album de "S3-4 - Le grand sud" : en vrac et un peu mélangées au reste faute de temps.

PS2 : Peu ou pas de connexion internet prévisible hors satellite durant l mais nous serons heureux de vous envoyer quelques nouvelles sur le blog dès notre retour dans un site civilisé…

 

 

 

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 16:10

La fin de l’année 2011 se vit un peu sous le signe de la déception : confrontés à une météo difficile et aux dépressions qui se succèdent sur le Sud, nous nous trouvons, en compagnie de nos amis de Polarwind, piégés dans le canal de Beagle et ne pouvons ni partir virer le Cap Horn, ni remonter à l’Ouest vers les glaciers de la cordillère Darwin. La déception est grande pour les « juniors » qui sont ici en contrat à durée déterminée : si Hubert a la possibilité de jouer une seconde fois les prolongations -jusqu’à la mi-janvier-, Arnaud n’a malheureusement pas cette chance et s’est envolé le 31 décembre pour reprendre ses cours universitaires aux Etats Unis.

Bilan de ces trois semaines :

- Trois journées au bout du bout du monde dans le tout petit village chilien de Puerto Toro à l’est de Puerto Williams en vue d’y attendre une météo favorable pour descendre vers le Cap Horn. Ce village est l’habitat le plus sud de la planète : dix familles, une école pour les cinq enfants du village, une salle omnisport, un minuscule cimetière qui regroupe les restes des derniers Yamanas. Grande déception pour les villageois : le bateau qui devait livrer le 24 décembre les cadeaux de Noël des enfants est différé au 31… Des centollas pêchés par Papito, un gôuter de crêpes franco-chilien à bord d’Alioth, des matches de foot fort disputés associant enfants du village et équipages, des promenades à pied (bien courtes car le village ne dispose d’aucun moyen de communication terrestre avec le reste de l’île Navarino) figureront au titre des distractions de ce lieu aussi étrange qu’inoubliable. Et puis, avec un peu de vague à l’âme, décision est prise, après cette longue attente dépressionnaire, de retourner à Puerto Williams en vue de remonter le canal de Beagle vers les glaciers.

P1050468                                                                                 Papito, roi des centollas

- Un certain nombre de journées à Puerto Williams (Chili) comprenant :

Des soirées sur le mythique Micalvi, le bateau de l’Armada chilienne qui, dans un cadre de montagnes somptueux, sert d’appontement aux voiliers de passage. Lieu de retrouvailles des équipages, on y boit un célèbre pisco sour, on se chauffe au coin du poêle, on y raconte les navigations passées et à venir, on y retrouve la trace du SNH et de Morguengry, le bateau havrais de l’ami Pierre et on y laisse un pavillon signé d’Alioth et de la SRH. o Une randonnée au sommet du Cierro Bandeira (920m) qui donne une vision à 360° sur les lacs et sur la chaîne des Dents de Navarino. Somptueux !

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                                                                                          Soirée au Micalvi

Des confrontations de sources météo bi-quotidiennes, des formalités administratives incessantes entre Argentine et Chili, entrées et sorties...

Une randonnée au sommet du Cierro Bandeira (920m) qui donne une vision à 360° sur les lacs et sur la chaîne des Dents de Navarino. Somptueux !

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                                                                  Etape lors de l'ascension du Cerro Bandeira

Une soirée de Noël mémorable : crèche vivante de la veillée de Noël avec son ange porteur de lunettes qui révèle à Hubert l’opticien, le marché insoupçonné et inexploité des habitants du paradis. Dîner à bord avec champagne, foie gras (offert par notre futur équipier Laurent C) et gâteau au chocolat d’Alioth dont Arnaud et Hubert maîtrisent dorénavant la confection à la perfection. Poursuite de la soirée au Micalvi où Hubert démontrera sa capacité à danser sur les tabourets de bar… avant de partager la fin de la soirée dans la petite « boîte de nuit » locale en compagnie de son compère Franck (Resolute), de quelques navigateurs russes du grand yacht Scorpius et des habitants de Puerto Williams.

Quelques sorties en bateau pour agrémenter le tout mais avec rapide retour au port soit que la force du vent impose de se mettre aux abris, soit que le moteur nous joue à nouveau des tours ce qui fut le cas, après une nuit de difficile remontée au près qui avait l’ambition de nous mener aux glaciers... Ce jour là, 27 décembre à 7h du matin, le moral est en berne et ce n’est que le lendemain, après un brain-storming acharné des juniors et des seniors que la raison de la panne sera détectée. Christiane, sur préconisation d’Isabelle Autissier, voisine de ponton sur Ada 2, propose de chanter une petite chanson, médication paraît-il appréciée des mécaniques défaillantes, mais sursoit à cette décision en réserve d’un cas plus désespéré.

Durant ces journées, Clémence, sœur d’Hubert passe Noël à Ushuaia, de l’autre côté du Beagle, à quelque 25 milles nautiques. Clémence et son amie Tiphaine déploieront tous les moyens nautiques et aériens pour nous repérer mais les circonstances, notamment climatiques, sont contre nous et les conditions des retrouvailles ne sont pas réunies.

Photo avion

                                                                Une première : Alioth vu d'avion (par Clémence)

Une rencontre inattendue en revanche, celle de ces trois jeunes randonneurs, Arnaud, Louis et Raphaël, tout juste diplômés des Arts et Métiers qui ont entrepris un grand tour d’Amérique du Sud : Louis se trouve être le fils d’une professeure de lycée d’Hubert et par ailleurs « l’archi » (orthographe à contrôler), ce qui signifie, en langage quat’zarts, le parrain d’Arthur, le « petit » (1m90) frère d’Arnaud qui vient de rentrer en septembre dernier à Cluny. Raphaël, lui, est le fils d’un médecin du Havre ex-collègue de Luc : ma bonne dame, que le monde est petit… Les trois compères partageront notre retour entre Puerto Williams et Ushuaia et Alioth n’est pas peu fier de son jeune et bel équipage !

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Arrivés à Ushuaia nous avons tout juste le temps de saluer Maryse et Gérard (Hakéa) qui partent tous deux pour l’Antarctique : suerte !

Question moteur, nous attendons un mécanicien lundi 2 janvier en espérant qu’il pourra endiguer rapidement l’arrivée d’air de notre tank bâbord… car une fenêtre météo se dessine et devrait nous permettre de débuter l’année… par un tour de Cap Horn. Si vous formulez des vœux à notre égard, ce dont nous vous remercions d’avance, ayez la gentilles d’en prononcer quelques uns à l’adresse de notre moteur car nous aimerions clôturer avec l'année 2011 les caprices du Seňor Nanni ! Un seul élément nous perturbe à ce jour : la corrélation évidente entre la fréquence des pannes et le nombre de cigarettes fumées par Luc. En revanche nous n’arrivons pas à déterminer si le fait de fumer provoque les pannes ou si ce sont les pannes qui créent l’incitation à fumer. A la suite d’un fort penchant du reste de l’équipage pour la première hypothèse, ce dernier met une forte pression sur l’auteur présumé des faits afin de mettre fin à ce cycle infernal. Nos temps d’attente nous donnent, entre autres, l’opportunité de réorganiser la cave d’Alioth : rouges à bâbord, blancs à tribord, voici désormais la nouvelle règle de vie du bord.

Ainsi s’achève une belle-période-malgré-tout de bons moments partagés avec Arnaud et Hubert mais aussi avec nos amis de Polarwind, Jutta, Osvaldo et Théo accompagnés de Brigitte et Jean-Yves dont nous avions eu le plaisir de faire la connaissance à Barlovento, et de leurs deux enfants la petite Léa (10 ans) et Guillaume (21 ans) que l’on pourrait dénommer « el Mago del Sur » pour son habileté à faire des tours de carte.

Arnaud qui a collecté photos et vidéos de toute cette période profitera de la qualité des connexions nord-américaines pour mettre quelques vidéos en ligne sur Facebook : il en est remercié par avance ! A bord c’est le rush des périodes de changement d’équipage : grand nettoyage, aller et retours à la laverie, plein de gas-oil par un bidonnage fastidieux, monstrueux supermarché (car les super-mercados se font rares dans les canaux), coupes de cheveux Ushuaia (à l’exception de Hubert qui ne jure que par les ciseaux de Luc), mise à jour du blog, réparations et entretiens dont une séance mécanique très attendue lundi avec un expert local…

L’année s’est conclue par une nuit fantastique « Chez Manu » en compagnie de Maoro (Pégase) et de l’équipage de Resolute. avec une pensée affectueuse pour tous ceux qui sont loin de nous, pour Arnaud qui boit le champagne à quelque 10000m d’altitude et pour nos amis d’Hakea qui doivent avoir tenu leur pari de passer le réveillon de la Saint-Sylvestre dans le passage de Drake. Christiane a l'occasion de valider l'aptitude de son épaule à reprendre du service. Malgré le décalage horaire de quatre heures nous avons le plaisir de voir le lever du jour avant nos compatriotes métropolitains et de finir la soirée au-dessus des couleurs gris-rosées du canal de Beagle.

En début d’après-midi, ce 1er janvier, est arrivé notre ami Laurent . … pour de nouvelles aventures ! Arnaud et Hubert lui ont refait une cabine au cordeau : rangement, nettoyage, équipement de la couchette, les conditions sont réunies pour un excellent repos après son long voyage.

Si la fenêtre météo se confirme, nous descendons vers le Cap Horn au cours de la première semaine de janvier, puis redéposons Hubert à Puerto Williams pour poursuivre la remontée des canaux vers Puerto Natales où nous avons rendez-vous à la mi-février avec nos amis Frederick et Gérard.

Belle et heureuse année à toutes et tous ! Qu’elle vous apporte santé et bonheur et qu'elle vous permette de réaliser vos rêves.

Croyez en toutes nos amitiés

 

Le team Alioth

 

PS1 : le 2ème tournoi de cartes de la saison s’est achevé par une victoire des seniors contre les juniors, Christiane réussissant à maintenir une avance d’un point vis-à-vis de Luc pourtant parti bon dernier.

PS2 : quelques photos sont chargées sur l'album "S3-4 Le grand sud". Compte tenu des différentes sources, la chronologie n’est pas respectée et le temps manque pour opérer un classement plus rigoureux. Si une meilleure connexion le permet, d'autres photos seront mises en ligne lundi.

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 21:17

Arrivée d’Alioth le 9 décembre à Ushuaia, accueil de notre neveu Arnaud le 10, départ de notre sœur et belle-sœur Elisabeth le 12 : entre courses, connexions internet, service laverie et travaux divers, nous prenons le temps de visiter le musée maritime situé dans l’ancien pénitencier et de passer, tous les six, une excellente soirée « chez Manu » le restaurateur français d’Ushuaia réputé pour sa cuisine gastronomique et pour la vue fantastique de sa salle de restaurant. Il s’agissait de fêter dignement la fin d’une série d’aventures mémorables et l’entrée en matière de nouvelles explorations.

P1000740                                                                     Dominique, Luc, Christiane, Elisabeth, Hubert

 

Alioth séjourne à Ushuaia au club AFAScYN. Les services y sont spartiates mais Roxanna, bien connue du milieu nautique, veille avec une extrême attention au bien-être des plaisanciers. La Prefectura Naval, soit les autorités marines, se font pointilleuses tant sur les appels quotidiens à la VHF destinés à informer de nos position, destination et ETA (temps prévu d’arrivée) que sur les questions d’équipement de sécurité.

Au ponton, se mêlent skippers professionnels et plaisanciers. Les pros, sur de grosses unités qui hébergent nombre de passagers accourus fraîchement de l’aéroport, ont à gérer destinations et calendriers annoncés en fonction des aléas météo. Les amateurs que nous sommes : Resolute, Hakéa, Pégase, Vagualame et les quelques autres qui sont amarrés de part et d’autre du quai (une dizaine de bateaux, pas plus), savourons notre venue ici et prenons un peu le temps de vivre avant de nous projeter dans les navigations à venir. Un bateau joue dans les deux cours : Polarwind, le savoir-faire des pros et l’ambiance plaisance. On aime !

P1000777                                                                    Dominique, Hubert, Arnaud, Luc, Christiane

 

Nous découvrons Ushuaia qui se loge au fond de la baie. Son histoire est celle d’un bagne construit de toute pièce, sur dix-huit années, par les prisonniers eux-mêmes et dans des conditions extrêmes. Au milieu d’une ville devenue très touristique dans une atmosphère de station de sports d’hiver, les petites maisons des pionniers faites de bois et de tôles subsistent ça et là, et les églises des premiers  occupants dressent encore fièrement leur clocher.

L’écrin de montagnes qui encadre la ville est réellement féérique, les variations de couleurs sont superbes et Christiane et Luc ne sont pas peu fiers de voir les paquebots l’Austral, puis le Boréal, dessinés par Thibaut, s’amarrer de l’autre côté de la baie.

P1000933                                                           Un choix pour l'Antarctique : Alioth ou Le Boréal

 

Notre programme s’établit : Polarwind nous invite à naviguer de conserve à partir du 20 décembre (selon météo) pour fêter Noël entre Cap Horn et Cordillère de Darwin. Juniors et seniors de l’équipage se réjouissent de cette perspective et dans l’attente du départ décident d’une petite virée dans la baie de Lapataia, à l’ouest d’Ushuaia, en bordure de la frontière chilienne. Le soir même, nous dégustons des centollas, les réputés crabes locaux (fournis par Roxanna), accompagnés d’asperges vertes (printemps oblige !) et d’une magnifique mayonnaise due au coup de fourchette expert de Dominique.

Nous jetons l’ancre à quelques milles delà au fond de la baie de Lapataia, au pied du parc national de Terre de Feu. Le mouillage se dénomme « Fin de la Ruta » car c’est là que s’achève la route n°3 qui relie en 3079km Buenos Aires à la Fin du Monde. Le lendemain, par une journée chaude et ensoleillée, nous nous transformons en randonneurs. La partie masculine de l’équipage affronte courageusement la très physique montée au sommet du Cerro Guanaco (973m) qui permet de bénéficier d’un point de vue exceptionnel sur le Canal de Beagle et sur la Terre de Feu. Christiane, prend la tangente pour une promenade plus douce aux mollets, en bord de lac.

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L’âme de pêcheur de Luc, lourdement éprouvée par les résultats décevants qui ont marqué la descente, s’est trouvée réconfortée par la construction d’un casier à centollas. Les premiers essais sont mi-figue, mi-raisin : les centollas s’accrochent… à l’extérieur du casier.

Le 16 décembre au matin, désireux de changer de mouillage, nous portons notre choix sur l’Isla Redonda au mouillage délicat mais mené à bien avec l’appui de nos deux jeunes matelots chargés de l’amarrage à terre. L’appellation du lieu incite résolument à une nouvelle soirée crêpes préparée par Luc qui repose ses chevilles tandis que le reste de l’équipe s’offre une petite exploration à terre. La nuit le vent tourne et le mouillage est un peu inconfortable. Le départ s’avèrera délicat et nous nous promettons pour les destinations à venir de nous montrer plus généreux sur l’amarrage à terre et plus ambitieux dans la taille de nos mouillages.

Un petit mot sur une spécialité locale : le kelp. Il s’agit de longues algues extrêmement résistantes qui s’enroulent autour de la chaîne d’ancre, bloquent les safrans, menacent l’hélice du moteur mais qui ont la qualité de dénoncer les obstacles et les hauts-fonds.

Le 17 décembre, retour à Ushuaia avec l’espoir de partir lundi, en duo avec Polarwind, pour Puerto Williams, halte réputée mais aussi exigée pour formalités d’entrée au Chili. En attendant, Hubert, en compagnie de Franck l’équipier de Resolute, se fait le spécialiste de chaudes soirées au Dublin Bar dont il est le seul à pouvoir se faire l’écho. Tentative également de sortie en boîte de nuit qui porte bien mal son nom puisque le Nautico, la boîte de nuit locale, ouvre effectivement ses portes à 4h30 du matin… quand il fait déjà jour.

En cette période de fêtes, l’équipage d’Alioth souhaite vous offrir ce qu’il peut, de son bout du monde, à savoir une petite sélection (au compte-gouttes)de vidéos prises sur le vif. Une caméra Kodak (Dominique), quelques délires cinématographiques (Hubert et Luc), une ouverture d'un compte Tincelin Alioth sur Facebook (Arnaud en tutorat de Christiane): voici notre façon de vous dire BON NOEL à toutes et à tous. 

Feliz Navidad

Le team Alioth

PS1 : rectificatif : selon commentaire pertinent apporté par deux de nos lecteurs favoris, le nom de notre jeu serait Shithead et non Cheated comme indiqué dans notre article précédent. La rédaction retire donc sa suspicion désobligeante vis-à-vis de Luc… sans ajouter d’autre commentaire... Un nouveau tournoi est engagé. Arnaud, tout nouvellement initié est en bonne position, Luc en dernière. A suivre…

PS2 : Quelques photos sont sur S3-4- Le grand Sud. Et bienvenue sur Facebook pour nos premiers pas cinématographiques.

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 18:32

Ce samedi 3 décembre à 13h, le moteur est réparé (tout du moins partiellement car une dernière pièce de l’inverseur, elle-même apparemment victime d’un défaut de fabrication, resterait à changer ultérieurement). Pour notre plus grand plaisir, Elisabeth et Hubert confirment leur envie de poursuivre l’aventure et nous partons tous les cinq de Puerto Deseado vers 15h en longeant l’île des Pingouins que nous n’aurons, pas plus que la réserve ornithologique de la Ria Deseado, eu le temps de visiter. Nous nous contenterons donc des photos des pingouins à panache jaune et de celles des cormorans aux plumes grises et aux bec et pattes vermillon d’une classe incontestablement supérieure à celle de leurs lointains cousins des côtes bretonnes et normandes.

Le temps est brumeux et nous comptons profiter des derniers jours de l’anticyclone qui règne sur le Sud. Un flou cotonneux efface l’horizon et mer et ciel fusionnent dans l’immensément gris. Au cours de la nuit, les étoiles reprennent place alors que nous sommes mollement malmenés par des vents erratiques. Encore faut-il considérer que la nuit, ici, se réduit comme un mouchoir de poche : à minuit le soleil couchant est encore perceptible quand, deux heures et demies plus tard, les lueurs du soleil levant émergent à l’horizon.

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                                                                               Equipage heureux !

 

Le dimanche, une fantastique journée sous spi nous dirige cap sur le détroit de Le Maire. Une journée de grand bonheur en mer propre à nous réconcilier -à l’exception de Luc peut-être- avec les ennuis mécaniques. Ce jour marque de plus notre passage des 50° S : voici notre entrée joyeusement faite et fêtée dans les « 50èmes hurlants ». Le mardi, le vent redevient instable mais nous progressons de manière significative, entre près et allures portantes. Au passage, nous saluons à notre droite l’entrée du détroit de Magellan, à notre gauche les îles Malouines -ainsi dénommées par les habitants malouins (baleiniers, phoquiers, commerçants) qui, sous la houlette de Bougainville, investirent le territoire- et dont le sort politique reste un vrai sujet pour les Argentins.

Nous nous présentons le mardi matin devant le détroit. Monsieur Le Maire a des allures austères et face à l’Ile des Etats qui se dresse sombrement à bâbord, Luc se sent une âme propre à revivre les péripéties de « Tintin et l’île mystérieuse ». Ce 6 décembre est une grande journée dans notre petite vie de marins et notre arrivée dans cette mer et cette terre du bout du monde nous fascine alors que dauphins, oiseaux, pingouins orchestrent un festival de bienvenue à la hauteur de nos émotions du jour.

Les guides (dont l’indispensable bible locale « Patagonia, Tierra del Fuego » que nous devons à notre ami Daniel), nous déconseillent le passage du Le Maire par vent et courant contraire. Dans le style tartine tombée du mauvais côté, c’est le scénario qui ne manque pas de se présenter à nous. Nous hésitons à faire une halte à la caleta Hoppner (île des Etats) mais nous sommes au portant et les conditions météo sont bonnes. Une grande culotte de gendarme argentin qui se dessine dans le ciel nous incite à poursuivre et nous laisse à penser qu’en cette journée, le Le Maire est somme toute moins redoutable que bien des humeurs de notre vieux compère le Raz Blanchard.

Mais trêve de plaisanterie et de comparaison désobligeante, une chute du baromètre à 983hPa nous alerte vers midi de l’arrivée d’une dépression et à 14h nous nous faisons cueillir très fraîchement à la sortie du détroit. Le baromètre est tombé à 976hPa et nous nous heurtons, foi de capitaines, à des vents d’une violence inconnue de nous tous. Notre anémomètre est en grève depuis notre départ de Puerto Deseado, mais fort de nos expériences confirmées de 40 à 45 nœuds nous avons cette fois la certitude de jouer dans la cour des 50 à 60 nœuds. La réduction de la voilure à deux ris et ORC est bien sûr insuffisante. C’est donc l’occasion de passer au troisième ris et d’inaugurer le tourmentin hissé avec les honneurs qui lui sont dus, soit un salut amical à ses généreux donatrices et donateurs de l’Ecole de Management de Normandie. La mer fulmine, le vent arrache l’eau par paquets, le pilotage manuel s’impose. Les manœuvres de voile sont physiques. Hubert qui aime les situations extrêmes est plus que jamais sur le pont. Pendant ce temps, Elisabeth qui apprécie peu la poésie du moment, songe avec nostalgie au vol AF 418 qui devait la ramener en douceur ce jour même à Paris…

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                                                                   Trois ris et le tourmentin à la sortie du Le Maire

 

La baie Aguirre nous offre un refuge à quelque 20Mn et nous rejoignons Puerto Espaňol sous nos voiles réduites appuyées du moteur. A notre arrivée, les éléments se sont totalement calmés. Un grand ciel bleu nous vient de l’Ouest et deux splendides arcs-en ciel, d’un spectre et d’une luminosité exceptionnels, semblent nous féliciter de la bonne conduite de notre parcours initiatique : bienvenue dans les 50èmes ! Le paysage est grand, sauvage, absolu. Les lamas guanacos courent sur la berge. Nous sommes résolument seuls dans ce cadre grandiose et nous savourons ce retour à des conditions apaisées.

Luc, en sa qualité de chef de bord de la semaine, décide d’extraire des fonds une bouteille de whisky longtemps convoitée : elle nous fut offerte par nos amis havrais Christine et Jean-Michel avec la ferme consigne de la réserver pour le grand sud. Ce fut fait. Le malt est savoureux et apprécié des experts ! Il faut souligner que les moments de détente ou les nuits réconfortantes qui suivent les coups durs sont toujours d’une saveur infinie pour les navigateurs. Quant au dîner il fut à la hauteur des appétits : dans l’après midi, Hubert rêva d’un cassoulet. Elisabeth l’a fait. Il est où le paradis ?

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                                                                             Un certain whisky, un certain soir

 

Il y aurait beaucoup à dire sur cette Terre de Feu, ultime appendice d’une Cordillère des Andes élégamment effondrée dans les profondeurs de l’Atlantique. A elle seule, grande comme la Suisse et la Belgique réunies, elle se dénomma tout d’abord Terre des Fumées en raison des signaux que les peuples indigènes organisaient pour communiquer de montagne à montagne. Puis, au même motif, elle prit le nom de Terre des feux, avant d’acquérir sa dénomination actuelle. Mais, en découvrant ces côtes hostiles et austères, on pense avant tout aux populations Alakalufs, Selk’nam, Haush et Yamanas arrivées il y a plus de 10 000 ans, et décimées en un siècle ou deux par les explorations et la colonisation.

Après quelques travaux d’entretien et trompés par les vents d’est qui circulent dans la baie, nous décidons de reprendre notre route dès le mercredi midi pour profiter d’une dernière escale avant notre arrivée à Ushuaia. Mais la météo avait cette fois raison et les vents faibles de plein ouest nous obligent à faire route au moteur. Les paysages sont magnifiques, la neige persiste sur les sommets, ici ou là se dresse un îlot où s’agite joyeusement une colonie de pingouins aux airs de notables satsifaits. A 3h du matin, soit dans les lueurs du petit jour, nous mouillons dans le grand calme de la caleta Harberton.

Harberton a une âme et une histoire : celle du Révérend Thomas Bridges, pasteur anglican, qui en 1886 s’installa avec son épouse pour créer la première estancia (ferme) de la Terre de Feu. Le gouvernement argentin lui accorda quelque 25 000 ha de terres qu’il peupla de moutons et qui, les ovins disparus, sont encore aujourd’hui la propriété de ses descendants. Le Révérend est réputé pour la protection qu'il apporta aux populations indigènes et pour son remarquable dictionnaire Yamana-Anglais de 32 000 termes qui fut l’autre grande œuvre de sa vie. L’estancia est maintenant un lieu dédié au tourisme. Nous y faisons nos premiers pas en Terre de Feu et découvrons avec intérêt une réserve forestière d’espèces primaires, le cimetière où repose le Révérend et sa famille, les bâtiments où se traitait la laine, ainsi qu’un musée dédié à la faune marine. Dans le jardin de la propriété abondent bleuets, lupins, rhododendrons, toutes plantes que l’on nous dit originaires du lieu : elles flamboient en cette fin de printemps et habillent l’ensemble d’un petit air de Giverny. Une partie de crêpes magistrale menée par Hubert et Luc clôturera à bord cette journée terrienne très agréablement reposante.

Vendredi matin nous partons pour Ushuaia retrouver notre nouvel équipier Arnaud qui rejoint Alioth dans la journée de samedi. Après un lever matinal nous engageons la remontée du canal de Beagle sous un soleil fantastique et dans des paysages hors du commun : la mer est sans ride et les montagnes se dressent magnifiquement sur les rives tant chiliennes qu’argentines. Le Lac Léman sur des dizaines de milles… La navigation en mer à la montagne… Pingouins et oiseaux ajoutent leur spectacle à la magie du lieu.

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                                                                                  Dans le canal de Beagle

 

Après avoir laissé Pégase dans la baie voisine, nous croisons Polarwind qui remonte vers Puerto Williams, échangeons par VHF avec Resolute qui arrivera quelques heures plus tard et retrouverons Hakea dans la cité mythique.

Il fait beau et chaud. A 13h On se pince un peu, on écarquille les yeux, on se se fait petit à côté des solides bateaux charters de l’Antarctique, nous y sommes : viva Ushuaia !

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                                                                                    Arrivée à Ushuaia !

 

Dans quelques jours, nous espérons partir pour le Cap Horn ou pour l’Ile des Etats, selon météo bien sûr. Elisabeth repart lundi sur Paris, Hubert reste à nos côtés et Arnaud arrive ce jour. Un grand merci à nos deux équipiers qui ont un peu souffert de nos problèmes techniques mais qui ont été d’une grande aide dans la joie et la bonne humeur.

Au cas où nous n’aurions pas retouché terre d’ici là, nous vous souhaitons un magnifique Noël !

Le team Alioth

PS1 : nous n’aurons pas la possibilité d’aller en Antarctique cette année : le voyage nécessite une autorisation dont nous avions sous-estimé l’importance et notre demande envoyée trop tardivement fut déclarée irrecevable

PS2 : Luc a définitivement et brillamment gagné le tournoi de cartes conclu à notre arrivée à Ushuaia, les trois autres protagonistes se serrant les coudes loin derrière. Nous devons malgré tout rendre hommage à Hubert qui a beaucoup bataillé pour une place de second étroitement acquise ! Rien à voir avec d’élégantes parties de bridge (désolée, Roselyne !) mais d’un jeu assez drôle dénommé cheated que nous a enseigné Guillaume il y a de bien nombreuses années. Et s’il s’appelle cheated, c’est qu’il y a sans doute moyen d’y tricher… Luc aurait-il quelque secret ?

100 2949                                                                Tounoi en période de travaux moteur à Puerto Deseado

 

PS3 : les photos sont sur l’album « S3-3 : de Buenos Aires à Ushuaia » mais en faible nombre car les connexions locales sont  assez faibles.

PS4 : Si vous voulez vous abonner à la lettre d’Alioth, inscrivez-vous via la rubrique newsletter sur la page d’accueil du blog. Un simple mail vous avertira de toute nouvelle publication.

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 23:04

Nous parvenons à Puerto Deseado le lundi 28 novembre à 6h30. Si le grand port de pêche n’est pas équipé pour accueillir les bateaux de plaisance, les voiliers en route vers le Sud reçoivent ici un accueil bienveillant des autorités de la Prefectura Naval et de l’environnement portuaire. Nous accostons aux côtés de Resolute, -le bateau de Hans, Barbara et Franck, arrivé la nuit même- afin d’effectuer les formalités administratives et de demander la possibilité d’accoster à un ponton pour résoudre nos problèmes de guindeau. Mais le vent du Sud monte sévèrement et la Prefectura exige que nous allions au mouillage situé face au port. Nous obtempérons à contre-cœur quant au moment d’embrayer, le moteur se bloque et s’oppose à tout nouveau démarrage. Et, dixit Thibaut, dans la voile, le secret c'est le moteur...

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La venue à bord de Franck, mécanicien professionnel, ne permet pas de diagnostiquer une panne a priori lourde et qui nous laisse tous perplexes. Cette nouvelle donne ne modifie pas la position des autorités et, alors que nous écrasons notre voisin Resolute sous la pression du vent du Sud, nous obtenons l’aide du remorqueur Gipsy V qui, entre deux déplacements de bateaux de pêche, nous emmène au mouillage situé à un bon mille du port et où sont déjà ancrés Pégase et Babinka.

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L’idée de séjourner au mouillage sans guindeau ni moteur, en période de vives eaux, sous vent de 30 nœuds et courant de plus de 5 nœuds nous fait un peu froid dans le dos et nous mouillons, vaille que vaille, nos deux ancres de secours dans l’espoir de faire face à la situation jusqu’au retour du Gipsy V prévu le mardi à 17h. Ce n’est que le début d’un enchaînement de mauvais quarts d’heure qui bout à bout pèseront lourdement leurs 48h…

La première nuit est inconfortable et exige une veille régulière, notamment de la part de Dominique qui a hérité de la responsabilité de chef de bord sur cette semaine décidément difficile. Il s’avère assez rapidement que le bout d’une des deux ancres s’est enroulé autour de la quille obligeant Luc à plonger dans une eau à 10° pour la dégager. Il est alors 17h, mardi 29 novembre, et nous attendons en vain le remorqueur Gipsy V qui nous a fait faux bond. La déception est grande d’autant que le bout de l’ancre se bloque à nouveau sous la coque  : nous nous armons mentalement pour une nouvelle nuit au mouillage. A marée montante, vers 2h du matin, l’ancre dérape, le bateau file à 1,5 nœuds dans la baie heurtant légèrement Pégase sur son tableau arrière. Cette fois encore, le dérapage est notre chance : la panne du guindeau ayant été diagnostiquée la veille, un court-circuit de  la commande électrique, nous permet de descendre l’ancre principale. Une heure de veille nous permet de nous assurer de la bonne tenue du mouillage et de repartir soulagés dans nos couchettes, non sans avoir programmé ume nouvelle plongée de Luc à 6h du matin, heure de l’étal, pour dégager le bout de son dédale sous-marin.

Après de nombreux appels à la VHF, Gipsy V vient nous chercher à 12h et c’est un immense soulagement pour nous tous que de nous retrouver sérieusement amarrés dans l’enceinte du chantier naval. La fatigue nerveuse et physique se lit sur les visages. Le cauchemar ne semble pas tout à fait terminé pour Hubert qui, la nuit suivante réveille son voisin de cabine en s'exclamant : "Dominique, le bateau bouge !". Mauvais rêve...

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Outre le sentiment d’être bien mal récompensés d’un entretien attentif et méthodique du moteur, nous craignons une réparation très lourde impliquant une attente de plusieurs semaines dans la ville de Puerto Deseado dont le seul charme se situe au niveau de sa flotte imposante de bateaux de pêche. Le mécanicien promis ne vient pas le jeudi et, nostalgiques, nous voyons Babinka, Pégase et Resolute profiter au petit matin d’une fenêtre météo fantastique pour faire route vers Ushuaia. Mais le jeudi soir nos équipiers, non contents d'avoir passablement souffert, nous réconfortent d'un apéritif et d'un dîner savoureux au Puerto Cristal.

Sur notre insistance, l’équipe du chantier se mobilise le vendredi : par chance, le diagnostic est relativement rapide. Un défaut de fabrication d’une pièce de l’inverseur a provoqué le blocage du moteur. Par une chance inouïe la pièce est disponible à Puerto Deseado (15000 hab). Une autre pièce a été endommagée mais ne semble pas devoir nous empêcher de partir. A l’heure qu’il est nous espérons quitter Puero Deseado demain midi, samedi, pour profiter des derniers jours de la fenêtre météo mais rien n’est encore sûr à cette heure.

Tout ceci pèse lourdement en incertitudes sur nos deux équipiers, Elisabeth et Hubert, qui attendent demain pour décider de leur sort : départ immédiat ou différé. Le team Alioth serait bien déçu de ne pouvoir leur permettre de rallier Ushuaia par mer selon le programme prévu et de ne pas prolonger la vie de l’équipage jusqu’à l’échéance.

En conclusion :

1 - nous avons beaucoup de chance dans notre malchance : l’arrêt du moteur à la Caleta Horno ou dans l’Ile des Etats se serait avéré beaucoup plus grave ; le facteur chance a aussi joué avec nous dans nos apprentissages de dérapage semi-contrôlé.

2 - nous ne pouvons que nous féliciter de l’implication et de la solidarité de tout l’équipage durant ces durs moments et de la fée humour qui fut notre meilleur anti-dote contre les chutes de moral. Merci aussi aux équipages de Babinka, Parsifal et Resolute qui nous ont apporté leur soutien durant ces trois jours partagés à Puerto Deseado.

3 - Magellan, en 1520, avait fait escale à Puerto Deseado pour y faire des travaux et avait nommé le lieu Bahia de los trabajos (la baie des travaux) : c’est dire à quel point nous nous sentons proches de notre prestigieux prédécesseur.

Dernière nouvelle importante : un intense tournoi de cartes réunit les protagonistes de l'équipage -hors Dominique, nommé Président de jury- depuis le départ de Barlovento. Luc mène avec un succès aussi douteux qu’écrasant. Résultat définitif en fin de croisière.

Précisons qu’au cours de la descente et à l’occasion du passage des 46° Sud nous avons eu une pensée pour tous nos amis des 46° Nord.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 22:05

Nous partons de Mar Del Plata à 12h 30 le lundi 21 novembre. Le temps est brumeux et la drague « Mendoza », déjà croisée la veille, nous salue amicalement d’un coup de sirène. L’après-midi se passe au près, sous grand voile et solent, dans une mer passablement agitée. La nuit, le vent tombe et, sous gennaker, nous progressons à petite vitesse vers notre objectif : la Caleta Horno qui, au nord du grand golfe San Jorge, est réputée offrir le meilleur abri de toute la côte. Le calendrier et les impératifs météo nous poussent en revanche à abandonner le projet d’une halte à la Péninsule Valdès haut lieu des baleines, des phoques et des dauphins.

Le mardi fait partie de ces journées que tout plaisancier rêve de vivre en mer : vent portant et constant, spinnaker, large soleil, ballets de dauphins, douceur de la température. Nous profitons intensément de ces conditions qui s’évanouiront irrémédiablement sous la pression de notre descente vers le Sud. La journée se conclut dans une ambiance particulièrement enthousiaste où se mêlent plaisir partagé du programme, joies de la navigation du jour, satisfaction d’un bateau si parfaitement opérationnel et bien d’autres sujets encore. Un dîner de gala marque les festivités du passage des 40° Sud (rapidement suivies du franchissement des 60° Ouest) accompagnées d’un San Huberto, le cru argentin naturellement devenu le favori du bord en hommage à notre jeune équipier.

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La nuit même, le quart de 22h à 01h se passe sous vent de nord-ouest de 15 nœuds mais peu de temps après, un orage éclate. Le vent monté à 40-45 nœuds impose de réduire rapidement la voilure. La mer est très désordonnée et les vagues balaient le pont et le cockpit avec violence. Luc est à la barre, Dominique installe l’ORC sur la plage avant et Christiane, aux drisses et écoutes, effectue un brutal vol plané arrière en bordant l’écoute de GV (effet classique du bout qui vient plus vite qu’on ne l’attendait…). Heureusement, Elisabeth est prête à prendre la relève car l’omoplate fracturée à l’occasion de la chute est un peu disqualifiante, et pour quelques semaines, pour la manœuvre. A partir de là nous prendrons l'habitude de naviguer en conservant l'ORC hissé lorsque nous naviguons sous solent : un coup d'enrouleur et le triangle avant se trouve immédiatement réduit et opérationnel.

Globalement les vents sont ici très instables, tant en force qu’en direction, et souvent bien éloignés des prévisions météo. On est ainsi sous GV et solent, le vent monte à 25 nœuds, on réduit mais à peine la manœuvre terminée, le vent chute à 10 nœuds. On enchaîne en relâchant le ris mais aussitôt le vent repart et il faut à nouveau réduire. Ou bien le vent passe subitement de 10 à 120° pour évoluer ensuite vers l’ouest et revenir de secteur nord, le tout conjugué avec les variations de force précitées.

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Jeudi, le vent annoncé n’est pas au rendez-vous mais nous sommes fascinés par l’orchestration de vols d’oiseaux auxquels s’invitent « nos » premiers albatros. Premier poisson aussi puisque les pêcheurs du bord -Luc et Hubert- retirent de leurs lignes… un gros calamar qui sera prétexte à un pompeux  risotto aux fruits de mer. Les journées sont agréablement longues : lever du soleil à partir de 5h et coucher vers 21h. En revanche, la température fraîchit au fur et à mesure de notre descente et polaires et équipements en goretex ont fait leur apparition sur le pont.

Nous arrivons le vendredi 25 novembre à 18h à la Caleta Horno après une difficile navigation au près sous deux ris et ORC. L’entrée est étroite et nos amis de « Pégase » nous accueillent à la VHF. Ils attendent le vent du Nord depuis trois jours et repartiront de bonne heure le lendemain matin.

La journée de samedi, tous les ateliers sont ouverts pour une journée de travail intense avec l’espoir de pouvoir repartir le jour-même : couture car les voiles ont souffert (merci Marie-Ange et Thibaut pour la machine à coudre très efficace !), nettoyage complet du puits de chaîne et de son évacuation, accastillage, vérification en plongée de l’hélice du moteur…

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100 2899La caleta est superbement aride et escarpée. A la rencontre de deux monstres d’austérité, l’Atlantique sud à l’Est et la pampa sèche à l’Ouest, nous déjeunerons dans le cockpit dans l’exclusivité d’un décor hors du commun.

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Le soir, nous sommes vraiment fiers de nous : on a fait « tout, tout de la to do » et décision est prise de partir avant la nuit. En période d’apprentissage des amarrages du Sud, il nous faut ramener à bord les 200m de bout qui consolident sur deux enrochements les positions de notre mouillage. Hubert, chargé de la mission, revient vaillamment avec 100m de bout sur son étroit kayak gonflable, les autres 100m pouvant se larguer directement du bateau. Il faut par ailleurs rehisser le solent, réparé durant la journée, mais lors de l’opération le « messager » casse et le solent est hors jeu pour la suite de la partie : nous devrons impérativement nous arrêter à Puerto Deseado.

Reste à relever l’ancre. Ce qui procède habituellement de la formalité, frôle ce soir là la catastrophe : le guindeau nous lâche alors que nos amarres à terre sont bien sûr larguées. Il faut remonter l’ancre… à la force des bras et au risque des mains dans un couloir étroit où la mer est au plus bas et où les rochers au plus proche. L’ancre résiste longuement mais dérape enfin ce qui rend l’opération possible. Ouf ! Il faut avouer que chacun a vécu un vrai moment de stress et que la remontée du mouillage a nécessité un effort physique intense. Il est près de minuit lorsque nous pouvons respirer de soulagement en mer sur des vagues dont les incroyables fluorescences semblent se faire le reflet des étoiles. C’est le moment de se réconforter d’une solide platée de spaghettis et de tirer un grand coup de chapeau à nos deux équipiers, Elisabeth et Hubert, qui ont plus que jamais donné au cours de cette journée harassante.

La distance pour Puerto Deseado est réduite (165 milles) et nous y parvenons le lundi au petit matin. « Nos » premiers manchots nous saluent en nombre sur la rive sud de la rivière et nous sommes encore ignorants des nouvelles aventures qui nous attendent dans ce port perdu de la côte argentine.

Hasta pronto !

 

PS : les photos correspondant à cet article sont enregistrées sur l'album S3 - 3 : de Buenos Aires à Puerto Deseado

 

 

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 14:13

Les au-revoir touchants de Maria, la responsable administrative du club, le trèfle à quatre feuilles (et la boîte de chocolats !) offerts par Ricardo, notre interlocuteur technique exemplaire, un salut aux équipes du club et à nos amis de la marina -dont Feliza et Francisco, qui doivent nous rejoindre à Ushuaia, et Cathy et Titou qui remontent vers le nord mais que nous espérons retrouver… dans le Pacifique...- et nous voici partis du club de voiles de Barlovento le vendredi 19 novembre au matin pour amorcer notre descente vers le Sud.

Celle-ci suppose la longue « traversée » des eaux brunes et agitées du Rio de la Plata. Le temps est magnifique, la température délicieuse et, au moteur par vent d’Est, nous laissons derrière nous San Isidro, San Fernando et « notre » petit quartier de Victoria, puis la très chic Buenos Aires de laquelle se détache le joli bâtiment art-déco du Yacht Club Argentino sur fond de gratte-ciels dernier cri.

P1000407         Elisabeth et Hubert au départ de Buenos Aires

 

L’hydro générateur est officiellement inauguré et fonctionne énergiquement pour notre plus grand plaisir et pour la plus grande fierté de son installateur (Dominique). Petit coup de mou dans la courroie du moteur qui se prend rapidement un tour de vis. Fonctionnalité et étanchéité parfaite de la pompe de ballast. Vent portant qui nous mène vers l’objectif : pour le team Alioth, les ingrédients d’une certaine vision du bonheur sont réunis !

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                                                           L'hydro générateur, nouvel équipement électrique du bord.

 

Arrivée à Mar del Plata dimanche midi après deux nuits de mer aux vents un peu instables et quelques grains. Accueil par les phoques qui évoluent à proximité et par les lions de mer avachis en masse sur la grève. Très important port de pêche, Mar del Plata est une ville « moyenne » argentine de 700 000 habitants dont la population double l’été. Sur invitation d’Elisabeth, nous dégustons poisson et fruits de mer dans les jolis locaux du Yacht Club Argentino au décor britannique mais à l’ambiance toute argentine.

Après les formalités d’usage d’entrée à la Prefectura Naval, que nous devrons réitérer le lendemain pour notre sortie, nous avons la chance de rencontrer sur le ponton Françoise, la bien dénommée française, et son mari argentin José qui nous offrent tour de la ville en voiture ; quartier libre d’une heure pour un shopping de dimanche soir dans des boutiques encore bondées à 21h, conclues d’un champagne argentin et de petits fours du Fauchon local dans la jolie maison campagnarde de nos hôtes qui contraste avec le style dominant des immeubles de résidences secondaires. Nous repartirons chargés de citrons et de citronnelle du jardin et enrichis d’intéressants échanges sur l’économie et l’agriculture argentines (José est ingénieur agronome et, de ses énormes moissonneuses-batteuses, bat la pampa sur fond de cultures transgéniques).

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Cet article est écrit un peu à la hâte car nous repartons ce matin lundi pour la Caleta Horno à quelque 600 milles d’ici. Un coup de vent prévu pour vendredi nous pousse à ne pas trop traîner en mer et nous estimons à quatre bons jours le temps nécessaire à notre route. Le début du parcours devrait se faire au portant pour évoluer vers du près. Si la météo évolue favorablement nous ferons sans doute un petit crochet par la péninsule de Valdès réputée pour ses baleines, ses dauphins et ses lions de mer…

Il est 9h30. Luc, du haut du mât, effectue une vérification du solent avec l’appui de Hubert en assistance technique. Dominique part d’ici peu à la Prefectura pour les formalités de sortie. Elisabeth et Christiane vont faire un réapprovisionnement de produits frais pour la dizaine de jours à venir. Départ prévu à 12h. Nous ne devrions plus être en mesure de donner de nouvelles avant notre arrivée à Ushuaia.

Besos !

Le team Alioth

PS : 1- ceux qui voudraient nous suivre en direct, peuvent utiliser le lien  :

  http://www.stw.fr/localisation/show-position-bateau.cfm?user_id=29041

 2 - Les photos correspondant à cet article sont enregistrées dans S3-3 - De Buenos Aires à Mar del Plata

 

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 12:42
Patience, patience, voici le maître mot du bord depuis une huitaine de jours. Notre départ, annoncé dans notre précédent article pour le week-end du 12-13 novembre, s’est en effet trouvé retardé sous le triple effet des travaux de peinture du pont (maňana, maňana…), de l’encrassage malencontreux des brûleurs de la cuisinière et surtout de l’installation du nouveau programme de notre centrale électronique, source de préoccupations et d’interrogations abyssales. Dominique, assisté de frère Luc et investi d’une détermination exemplaire, a franchi avec succès les difficiles étapes de ce long processus d’installation aggravé de problèmes de branchement du pilote automatique ; le tout avec l’appui indéfectible -week-end du 11 novembre compris- de Philippe Roussel de NKE France que le team Alioth salue d’un grand coup de chapeau, mais aussi de Yan, électricien du chantier Alliage, et de Richard, notre voisin de marina, électronicien, qui a magistralement sonné le dénouement final. Champagne ! Le cavalier Hubert a profité du désordre du bord pour passer le week-end chez Pablo (cf. article précédent) qui l’a généreusement invité à passer un week-end à la campagne avec ses enfants : ambiance gaucho, polo, chevaux. Une expérience culturelle et hippique à part entière : merci Pablo ! Pendant ce temps, si la marina se vide peu à peu de ses « grands voyageurs », nous vivons avec bonheur une soirée piano sur « Léla », le petit chef douanier local joue les persécutions administratives et nous faisons la connaissance de Francisco et Feliza. Francisco prépare sa descente à Ushuaia sur un joli bateau classique, tout en bois, en nous abreuvant amicalement des thermos d’eau chaude destinés à assurer notre survie dans l’attente du retour de réparation de notre cuisinière. L’équipage se réjouit de la proximité du départ : quelques courses, quelques formalités, un peu de navigation ; si le compte est bon, Alioth pourrait quitter le petit nid douillet du Iate Club de Barlovento vendredi matin 18 novembre, cap sur Mar del Plata.
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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 13:43

C’est au nombre de quatre -Arielle et Dominique, Christiane et Luc- que nous reprenons pied le 13 octobre au matin sur Alioth au Iate Club de Barlovento. Nous sommes comme à chaque voyage, lourdement chargés de pièces en tout genre et d’une bibliothèque ambulante digne d’une équipée patagonienne. Bien entretenu par nos amis de Polarwind, Alioth nous fait bonne figure et, tout à la perspective d’un programme conjugué de travaux et de tourisme terrestre sur près de quatre semaines, nous reprenons avec plaisir nos marques argentines.

Le bateau : travaux et entretien

La « to do list » est longue et comprend notamment -pour les plus passionnés- : installation électrique de l’hydrogénérateur, travaux de mécanique, changement de l’émerillon de l’enrouleur de solent, retouches de peinture, actualisation du programme de la centrale électronique, réparations de la pompe de ballast et de la barre d’écoute, révision du canot de survie, sans compter les rangements, nettoyages et préparatifs en tout genre qui caractérisent ces périodes…. Dominique et Luc développent des trésors de patience, d’apprentissage et de savoir faire, en solitaire ou en double, c’est selon : à Dominique l’électricité et l’électronique, à Luc l’accastillage et la mécanique, à eux deux les opérations lourdes qui exigent un fonctionnement à deux têtes ou à quatre mains. Et puis lorsque les compétences du bord atteignent leurs limites, il est bon de faire appel à Claudio, le mécanicien qui parvient à diagnostiquer des fêlures aussi improbables que celles des boulons-situés-dans-les-tanks-sous-les-vannes-d’arrivée-de-gas-oil, ou à Ricardo, le peintre multi-disciplinaire, qui semble avoir réponse à toutes les situations. Le tout est d’avoir le temps devant soi car, si la qualité de service est bonne, rendez-vous et délais se gèrent, le plus souvent, à la mode argentine.

Les travaux s’accompagnent de nombreux déplacements chez le voilier, la boutique d’électricité, les distributeurs de cartes marines, les « ferreterrias », les magasins d’accastillage et de peinture… autant d’occasions d’échanger avec les locaux, de pratiquer la langue et de se familiariser avec les prononciations sud-américaines. Les allées et venues sont longues car Barlovento est un peu hors du monde mais par chance, Titou (du bateau Léla, ainsi dénommé en réponse à son prédécesseur dénommé Iléou) nous prête volontiers son vélo ce qui abrège grandement nos temps de déplacement.

Le tourisme

Avant de descendre en bateau vers le grand sud, nous ne voulons pas manquer une montée en avion vers le grand nord du pays pour assister au spectacle grandiose des chutes d’Iguazu dans la région Misiones. Le côté argentin des chutes nous offre notre première expérience nautique de la saison en promenade pneumatique et humide sous les cataratas. L’autre versant, tout aussi impressionnant, nous permet de renouer quelques heures avec la terre brésilienne.

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             Les chutes d'Iguazu

 

A 250km de là, la visite de la mission de San Ignacio(1) nous introduit dans l’ambiance un peu mystérieuse des ruines d’un de ces sites Jésuites qui ont guidé les Indiens vers la création de sociétés utopiques libérales… ; ou presque puisqu’au chapitre des conditions de vie exigées par les bons pères figurent le respect de la religion monothéiste, la monogamie et la sédentarité, toutes pratiques bien éloignées des traditions des populations indigènes. A San Ignacio, Arielle ajoute une chute malencontreuse aux chutes du week-end lors d’un faux pas sanctionné par une sérieuse entorse à la cheville qui handicapera quelque peu le reste de son séjour.

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      San Ignacio

 

C’est grâce à Arielle que nous devons de découvrir la pampa humide à 120km au sud de Buenos Aires, aux bords de la Laguna de Lobos chez sa cousine Alicia qui, en compagnie de son mari José-Luis, nous invite pour un week-end inoubliable dans sa très séduisante maison de campagne. Ici, les espaces sont infinis, la nature printanière est d’un vert intense, les oiseaux sont omniprésents. Il est bon surtout, en compagnie d’Alicia et de José-Luis, et de leurs amis Rose-Marie et Martin, de se retrouver dans un contexte familial et amical, de discuter longuement Argentine avec des Argentins et de déguster en terrasse la meilleure parrillada de tout notre séjour. Nous espérons avoir l’occasion, dans quelque temps, de vous reparler d’Alicia et de l’étonnante dynastie dont elle est issue.

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   Chez Alicia et José-Luis

 

Sur le chapitre de nos belles rencontres argentines nous pouvons citer également Pablo ami de Sophie -cousine de Christiane-, architecte et membre du club de Barlovento depuis sa plus jeune enfance. C’est à lui que nous devrons la mise en ligne depuis son agence du présent article et des photos : un grand merci à Pablo et à son équipe ! Nous retrouverons aussi avec beaucoup de plaisir Carola et Alejandro, navigateurs argentins, amis d’Alicia et José-Luis avec lesquels nous avons couru la course Refeno en octobre 2010 et qui nous invitent à passer quelques jours au club de CUBA (Club Universitaire de Buenos Aires) avant notre départ.

Sur le plan touristique, nous devrons notre deuxième expérience nautique de la saison à notre traversée en ferry du Rio de La Plata pour rejoindre Colonia (Uruguay), ancien bastion portugais en terre coloniale espagnole. Nous partageons cette journée, conclue par une soirée tango au célèbre café Tortoni de Buenos Aires, avec Hubert, notre tout jeune (22 ans) nouvel équipier et Clémence, sa sœur, qui entreprend un grand tour d’Amérique du Sud. La première qualité que nous pourrions attribuer à Hubert -mais il en a déjà révélé beaucoup d'autres- serait la discrétion puisque c’est en l’appelant sur son portable, au petit matin de son arrivée,… que nous réalisons qu’il nous répond … de sa cabine dans laquelle il s’est glissé sans bruit après un difficile périple nocturne en taxi.

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     Colonia - Uruguay

 

Le printemps argentin est splendide et a atteint un pic de chaleur de 35° le 3 novembre.

Ambiance départ

Une petite dizaine de bateaux en escale au club de Barlovento se prépare pour une descente vers Ushuaia (qu’on prononce ici Ousouaia) : le chileno-allemand Polarwind, le suédois Némo, les allemands Iron Lady, La Bohême et Resolute, les français Hakéa, Pégase et Alioth, sans oublier Nabucho qui séjourne dans la marina voisine.

Chaque bateau est absorbé par ses préparatifs ce qui n’exclut pas les manifestations conviviales autour de petites réceptions réciproques où se mêlent beaucoup de rires à un peu de gravité, de conseils techniques et deprojets à venir. Une grande parillada organisée au club par Jutta et Osvaldo (Polarwind) avant leur départ est un moment particulièrement fort : toutes et tous sont là des plus jeunes (3ans) au plus âgés (70 ans). Les conversations s’entremêlent en espagnol, allemand, anglais et français. Wijtze, le Hollandais, qui avec Mia (Skua) rejoindra Osvaldo sur Polarwind pour un tour du Cap Horn, apporte la joyeuse ambiance de ses airs d’accordéon. Titou (Léla) branche son piano sur la borne électrique de la marina pour jouer très symboliquement My way en duo improvisé avec Udo (Resolute) au violon.

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Marins et musiciens

 

Chaque départ s’accompagne de saluts d’amitié, coups de corne de brume -ou de busina gas (2)- et souhaits de bonne navigation. La route pour Usuhaia est en effet difficile : les bascules de vent violentes et pas toujours prévisibles, la force des vents, les courants de marée importants de la partie sud, le faible nombre des abris en font un parcours que tout un chacun aborde avec beaucoup de soin, voire une pointe d’appréhension. Une escale à Mar del Plata, à 270 milles de Buenos Aires, est de rigueur notamment pour se recaler par rapport aux prévisions météo. Un petit tour dans la presqu’île de Valdès pour approcher les baleines est un plus du programme. Le nombre d’escales dépend ensuite des conditions météorologiques : si les prévisions sont bonnes, le plus raisonnable semble de descendre directement jusqu’à l’île des Etats à l’entrée du canal de Beagle.

Pendant tout ce temps, une princesse est née à l’Elysée, l’Europe tente de maîtriser ses vertiges financiers, la France perd 7 à 8 contre les All Blacks ; de ce côté-ci de l’Atlantique, Christina Kirchner est réélue Présidente de l’Argentine au 1er tour des élections avec près de 54% des voix et la justice condamne les principaux dictateurs argentins à la perpétuité.

Voici pour le premier récit de notre troisième saison. Arielle, la cheville encore endolorie, est repartie samedi pour Paris. Elisabeth, notre spécialiste des grandes descentes vers le sud, est arrivée ce lundi. Dès les travaux terminés -ce que nous espérons pour mercredi-, et la météo satisfaisante, nous pendrons notre route pour notre troisième aventure nautique de la saison, non sans vous en avoir avertis sur le blog d’Alioth.

Nous dédions ce petit article à Delphine, fille et nièce des membres du team Alioth, qui se remet d’une lourde opération et dont nous fûmes très proches durant toute cette période.

Amistad

Le team Alioth

PS : les photos sont sur l’album S3-1 –Quelques nouvelles de Buenos Aires

La première photo qui pourrait s'intituler "sac à bord" est un clin d'oeil à nos amis de l'Inner Wheel du Havre.

La dernière est celle de Pablo dans ses beaux bureaux de Martinez.

 

(1) Cf le film « Mission » de Robert de Niro

(2) pour celles et ceux qui ont lu l’article de 2010 sur la Refeno

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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 20:42

Si vous voulez suivre Alioth, nous vous invitons à enregistrer le lien suivant :

 

      http://www.stw.fr/localisation/show-position-bateau.cfm?user_id=29041

 

d'un simple clic, vous pourrez le rejoindre quand bon vous semble !

 

Pour le moment, il vous attend à la marina Barlovento située à San Fernando à proximité de Buenos Aires.

 

A bientôt

 

Le team Alioth

 

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