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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 09:29

Io-ra-na ! (bonjour)

Confrontés malgré nous à la réalité sociologique des voyages de noce de luxe et des forfaits lune de miel d’une Bora-Bora un peu bling-bling à notre goût, nous abrégeons notre séjour dans la célébrissime pour nous diriger à l’ouest vers Maupiti, une île sauvage, qui, à l’extrême opposé de sa voisine, vit de discrétion et d’authenticité. Les abords de l’île sont austères. La passe du lagon, orientée plein sud est exposée aux rudes effets de vent contre courant et les trains de déferlantes s’acharnent à dissuader le visiteur. Une fois entré, l’étroit chenal d’accès au tout petit village-capitale de Vaiea, exige la plus grande vigilance mais nous retrouvons là la chaleur de l’accueil polynésien, si tristement en recul dans les îles livrées au tourisme.

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                                                     Bora Bora et ses hôtels de luxe

 

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                                                            A Maupiti

Mais la fin du séjour approche et malgré le charme du lieu, notre désir de voir les raies manta et -pour certains- de participer à une partie de pêche au harpon, nous reprenons notre route pour l’île de Tahaa via Bora-Bora, où nous faisons halte le temps d’une douche, d’une connexion internet et d’un délicieux dîner, au restaurant le Yacht Club, un havre très apprécié des plaisanciers de passage.

Le lendemain, à Tahaa se profile une rencontre espérée depuis plusieurs mois mais restée longtemps tributaire des aléas de notre navigation. C’est donc avec le plus grand plaisir que nous retrouvons Annick et Michel,  le 31 mai, au ponton de l’hôtel Ibiscus, lieu de leur résidence pour 48h, au sud-est de l’île. Après Sabine et Bernard croisés à Sucre (Bolivie) en mars dernier, Sue et Alan interceptés à Moorea (Iles de la Société) en mai, voici donc notre troisième grande rencontre amicale de la saison, chacune, fruit du hasard heureux des routes qui se croisent à l’autre bout du monde. Un inoubliable dîner de poisson auquel nous sommes aimablement conviés chez Léo, le propriétaire haut en couleurs du lieu, un tour de l’île en 4x4 et une visite d’une exploitation de vanille bio se concluent par quelques milles parcourus à la voile en compagnie d’Annick et de Michel afin de mettre Alioth à l’abri d’un fort vent de secteur est : en voici deux, et pas des plus probables, qui pourront très honnêtement prétendre avoir participé à un tour du monde à la voile !

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                                                 Dans l'exploitation de vanille

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                                                                Circumnavigateurs

Nous achevons notre périple par une visite respectueuse à l’île sacrée de Raiatea. Nous nous dirigeons vers la baie historique d’Opoa où se retrouvaient les pirogues des hauts personnages polynésiens conviés aux grandes cérémonies qui se déroulaient périodiquement au marae* international de Taputapuatea situé à quelques centaines de mètres de là. Choc des cultures, c’est au son des himénés que laissent échapper les portes grandes ouvertes du temple protestant que nous jetons l’ancre en fin de matinée le dimanche 2 juin dans cette toute petite baie qui, à l’époque de notre Moyen Age, accueillait des pirogues venues de milliers de milles (Nouvelles Zélande, Ile de Pâques, Hawaii…) en suivant magnifiquement les « chemins d’étoiles ».

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                                                      Le site de Taputapuatea

Puis il nous faut rejoindre, de l’autre côté de l’île, le Chantier Nautique des Iles sous le Vent pour une sortie de l’eau fixée au mercredi 5 juin. La technique de remorquage par tracteur est une première pour nous et nous devons nos photos de la mise à terre à Catherine et Bernard qui ont sorti leur Cypraea deux jours avant nous. Le long positionnement du bateau sur ber se fait par deux plongeurs qui travaillent en apnée mais nous vivons ce moment dans la plus grande sérénité car l’équipe est de toute évidence très compétente. Nous nous attelons à quatre aux travaux de fin de saison et, comme à l’habitude, Elisabeth, notre fidèle équipière, est loin d’être de reste. La réparation de la commande de guindeau et le changement d’un réa de la quille** relevable s’imposent. Quant au pilote automatique, il semble qu’il soit victime d’une panne de calculateur, pièce qu’il nous faudra ramener de France en septembre prochain.

                                      P1050752

Nous laissons Alioth aux bons soins de Cathy qui en assurera le gardiennage, et nous sommes bien impatients de retourner « at home » pour retrouver tous ceux que nous attendons tant.

Nana ! (au-revoir)

PS : petit mot pour dire que nous avons vécu quelques journées de temps médiocre en vue de nous réadapter au climat françias qu'on nous annonce fort perturbé

                                       P1050722

 

*lieu de culte

**un des trois réas de la quille relevable s’est cassé en fin de traversée nous obligeant à naviguer quille basse. Nous avons décidé de remplacer les trois réas en matériau composite par des réas en acier pour éviter que ce problème se reproduise.

 

PS : les photos sont sur S4-9 Iles de la Société

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 02:05

Les éditions Magellan

viennent de publier

« Alioth, du rêve à l’Atlantique sud »

un carnet de voyage réalisé à quatre mains

par Christiane Tincelin, rédaction, et monsieur QQ, dessins et aquarelles.

       http://www.editions-magellan.com/livre/276-alioth-du-reve-a-l-atlantique-sud

 

C’est au départ de Cherbourg, en janvier 2010, après plusieurs années de gestation d’un projet de circumnavigation, que le trio du team Alioth tire les premiers bords d’un périple très attendu.  A l’occasion d’une navigation de quatre mois,  les côtes d’Espagne, de Madère, des Canaries, du Sénégal offrent les premiers dépaysements de l’aventure et la participation à une mission humanitaire auprès de l’association Voiles Sans Frontières.  Puis  la première étape de la traversée Atlantique se joue aux îles du Cap Vert avant une plongée vers le sud qui mène à Salvador de Bahia, capitale historique du Brésil. C’est ce voyage nautique que Christiane Tincelin et son neveu, monsieur QQ, équipier du bord à temps partiel, ont décidé d’évoquer à quatre mains entre dessin et écriture.  L’une est rédactrice du blog www.team-alioth.fr, l’autre, artiste indépendant, vogue entre diverses techniques picturales.   

Les deux auteurs vous invitent à venir à la rencontre de ce tout nouvel Alioth de papier :

 

Le vendredi 21 juin de 18h à 24h

aux éditions Magellan,

34, rue Ramey , 75018 - Paris

où Alioth fêtera sa sortie officielle en compagnie de trois autres ouvrages de sa catégorie.

(Christiane Tincelin)

 

Les samedi 15 et dimanche 16 juin  à Brest

dans le cadre duFestival des Carnets ici & ailleurs

http://www.ici-ailleurs.net

(monsieur QQ)

 

Le 27 juin de 18h à 21h

pour le décrochage de l’exposition

QQ fom 2013

à l’espace One shot

66, rue Renée Boulanger – 75010 Paris

avec présentation des illustrations originales du livre

 (monsieur QQ)

 

Le mardi 25 juin de 17h à 19h

à la librairie La Galerne

148, rue Victor Hugo – Le Havre

(Christiane Tincelin & monsieur QQ)

 

Le samedi 29 juin de 10h30 à 12h30

à la librairie Ryst

 16-22, rue grande rue – Cherbourg

(Christiane Tincelin)

 

Le samedi 20 et le dimanche 21 juillet

au festival du livre « Ancres & Encres »

Fort de la Hougue, 50550 Saint Vaast la Hougue

 

(Christiane Tincelin & monsieur QQ)

Cet ouvrage est le résultat d’affectueuses complicités et je dis personnellement un grand merci :

à Grégoire, l’artiste du bord, et à Jean-Mi, l’architecte de nos deux partitions, avec lesquels j’ai eu tant de plaisir à réaliser ce « travail »,

à André, Armel, Aude, Cécile et Roselyne, mais aussi à Dominique et Luc, pour leurs relectures patientes et leurs conseils précieux avec un coup de chapeau spécial à Armel et Aude qui ont bien voulu effectuer les derniers bouclages tandis que je voguais dans le Pacifique sud,

à Max et Thomas de l’Association Voiles sans Frontières pour l’attention qu’ils ont portée à notre projet,

à Serge, de la Galerne, pour avoir éclairé mon parcours et à Vincent qui m’a généreusement offert son aide,

aux lectrices et lecteurs du blog d’Alioth et aux organisateurs du festival du livre de Saint Vaast la Hougue, pour leurs encouragements.

à Marc, enfin, qui a accueilli notre projet dans sa maison d’édition, et de son double, Titouan, qui fut mon très efficace interlocuteur « en ligne ».

 

                                             Couv-Alioth-dralas-gd.JPG

                                                                                                                    Christiane Tincelin – Juin 2013

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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 04:37

Quelques jours de découverte de la très belle île de Moorea, des bains à volonté, une rencontre internationale prévue de longue date avec Sue et Alan, couple anglais ami de nos amis Sabine et Gérard en cours de tour du monde sur leur flambant Oyster « Sulana »,  et nous prenons tous les cinq la direction de Tahiti et du port de Papeete, destination finale de notre traversée.

                                       P1050304

Catherine et François, entre pliage de bagages et nettoyage du bateau s’évadent pour une escapade au cœur de l’île. Tout laisse à penser que, dans quelques mois, ils pourraient bien reprendre le chemin d’une  Polynésie dont ils n’ont que trop peu profité.

Le 14 mai au soir, chassé croisé à l’aéroport de Papeete où Catherine et François disparaissent derrière la porte des départs avant qu’Elisabeth ne sorte, quelques minutes plus tard, le sas des arrivées.  Après la longue et parfois éprouvante traversée du Pacifique, c’est une ambiance grandes vacances qui s’annonce au cœur de l’archipel des Iles de la Société* entre Iles du Vent (Tahiti et Moorea) à l’est et Iles sous le Vent à l’ouest, au programme desquelles Huahine et Maupiti, les authentiques, Bora-Bora, la mythique, Raiatea, la sacrée,  Tahaa, sa belle et sauvage voisine.

Notre découverte de Tahiti se limite dans un premier temps à la ville de Papeete, ses petits restau-roulottes sur le quai, ses yachts ambiance défiscalisation, sa cathédrale très coloniale, son hôtel de ville de style deauvillais, son marché de petits producteurs locaux, son exposition de « tifaifai », les élégantes nappes à dessins botaniques, harmonieuse évolution des « patchworks » enseignés aux Tahitiennes par les premiers colons britanniques.

Avec consternation, nous apprenons à notre arrivée à Papeete la disparition en mer de Jean, le skipper solitaire de Steven, qui avait quitté Valparaiso deux jours avant nous et qui a connu des problèmes de pilote automatique 750 milles avant son arrivée à l’île de Pâques. N’ayant pu réparer, il est reparti et s’est épuisé sous les mauvais coups de vent qui se sont succédés sur cette période. Son bateau a été retrouvé sans personne à bord au large des Gambier et cette nouvelle est un choc dans le petit monde des navigateurs.

A Tahiti, nous retrouvons l’ambiance électorale. Le 17 mai, Gaston Flosse, 81 ans, grand ami de Jacques Chirac (donateur de généreux subsides en échange de la prorogation des essais nucléaires dans le Pacifique sud), un passé sulfureux et plusieurs condamnations à son actif,  retrouve son fauteuil à la présidence de la Polynésie française. Il est membre du parti orange indépendantiste, favorable au rattachement à la France, dont le leader à l’assemblée est son propre gendre Edouard Fritch. Car ici tout est dans la nuance, c’est le parti des autonomistes, les socialistes proches d’Oscar Temaru, le président sortant, qui, sous l’emblème de son  pavillon bleu ciel et blanc, prône une sortie de la Polynésie du giron métropolitain. Au point que Temaru, s’il a perdu les élections le 17 mai, a connu une grande victoire le même jour en réussissant à faire inscrire la Polynésie française sur la liste des pays non autonomes de l’ONU.  A la grande stupeur des votants, il se trouvait à New York le jour des élections. Histoire(s) à suivre…

De la belle Huahine, nous retiendrons le charme d’une petite île qui se refuse à jouer à fond la carte touristique. Là nous achetons poisson et légumes sur le quai, Luc plonge avec les requins gris (pas très impressionnants, paraît-il), nous mouillons dans le sud du lagon dans le cadre idyllique de la baie d’Avea et à l’occasion d’un tour de l’île nous alternons visite des Marae** et snorkeling à la suite d’un déjeuner traditionnel polynésien Chez Tara qui restera un grand souvenir.

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                                           Cuisson dans le four traditionnel "Chez Tara"

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                                                                        Marae

Bora-Bora est un peu l’île de la déception. Si les couleurs du lagon sont plus extraordinaires ici que partout ailleurs, si le tour de l’île à vélo permet de se refaire les mollets sous les hauts sommets de l’île et de découvrir un minuscule musée de jolies maquettes marines, l’envahissement des hôtels de luxe construits sur un modèle standard de paillottes sur pilotis sature l’atmosphère. Le navigateur Alain Gerbault***, ardent défenseur des Polynésiens et farouche combattant du régime imposé par la colonisation française, doit plus que jamais maugréer dans sa tombe de Bora-Bora face aux développements inconsidérés de ce paradis détruit.

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                                                     Maquette du bateau d'Alain Gerbault

                                                     Musée de la marine de Bora-Bora

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Bonne nouvelle, après une longue période de doute, le pied de Dominique s'améliore.

Nos deux dernières semaines seront consacrées aux îles de Maupiti, Tahaa et Raiatea où nous laisserons le bateau au sec avant d’effectuer une escale estivale en métropole du 12 juin au 6 septembre.

Exceptionnellement, grâce au « Yacht Club » de Bora-bora nous avons pu bénéficier d’une bonne connexion : les photos correspondant à cet article sont sur S4-9 Iles de la Société.

Nana !

 

*Nom donné par les premiers occupants britanniques issus d’une Société missionnaire protestante

** Marae : lieu de culte polynésien

***Lire ‘Un paradis se meurt’ d’Alain Gerbault.

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 20:33

En ce tout début du mois de mai, il nous plait bien ce quatrième et dernier segment de notre traversée de Valparaiso à Tahiti : l’approche des 20° de latitude, la perspective de l’alizé du sud-est, la douceur des eaux polynésiennes, tout laisse présager une navigation douce et ensoleillée.

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                                                  Vous avez dit "brothers" ?

Mais Sieur Pacifique, lui, est d’humeur joueuse, voire bagarreuse. Alioth, qui rechigne sans doute à rentrer dans la partie, s’offre un petit caprice de descente de quille, le 1er mai après-midi, à la sortie de l’archipel des Gambier. Le temps est morose et c’est sous  un ciel bas et lourd" et une pluie battante que s’effectuent notre départ et notre première nuit de mer. Durant 48h, nous progressons lentement sous un système de vents très instables, en force et en direction avant que la dépression annoncée sur les Gambier ne nous rattrape. Notre route, d’un peu moins de 900 milles, nous amène grossièrement à laisser les Tuamotu à tribord et les Australes à bâbord.

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                                                       François à la barre.

L’absence de pilote automatique marque à nouveau l’organisation du bord. Nous avons repris notre régime de quart à deux par roulement de quatre heures : François et Luc d’une part, Dominique et Christiane de l’autre. Catherine apporte son appui à la manoeuvre et se met en veille constante et en action fréquente pour assurer le bien être du bord. Elle se fait tour à tour boulangère, cuisinière, ménagère, toutes missions bien ingrates et difficiles à mener par gros temps, mais ô combien appréciées du reste de l’équipage focalisé sur le fonctionnement du bateau. François, en skipper confirmé, apporte une compétence bien utile dans le contexte venté qui nous attend. Dominique ne ménage pas ses heures de barre et d’activité malgré son pied douloureux. Quant à Luc, il est bien souvent mobilisé sur les petits services techniques qui ne manquent pas d’égrener la vie du bord.

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                                    Pommes de terre, taros (beiges) et patate douce (violette) : un délice !

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                    Fruit de l'arbre à pain (qui se mange cuit et a un goût de pomme de terre)

Le 3 mai à midi les choses sérieuses s‘engagent. Le vent monte à 25-30 nœuds. En fin de journée, instruits par les incidents qui ont précédé notre arrivée aux Gambier, nous préparons le bateau pour la nuit : deux ris dans la grand voile et un solent que l’on peut partiellement enrouler en cas d’accélération du vent. La nuit du 4 au 5 mai se fait particulièrement rude et nous ne regretterons pas ces précautions rééditées. A 3h du matin, sous un déluge de pluie, le vent monte à plus de 40 nœuds avec une claque record enregistrée à 46.7 noeuds. Alioth fonce de façon impressionnante dans la nuit noire et dévale les vagues qui déferlent de l’arrière et l’embarquent au lof ou à l’abattée, selon. Hypnotisés par les deux gros yeux rouges des tableaux de bord, nous surveillons assidûment les « compteurs » : angle du vent, cap compas et vitesse du vent pour l’essentiel. La tenue de la barre est difficile par ce vent arrière et cette mer chahutée mais nous nous relayons d’heure en heure et tiendrons le rythme des 25 à 30 nœuds jusqu’à l’arrivée.

La semaine aura été intense : le bateau est puissant, barrer demande concentration et engagement physique et les mouvements désordonnés du bateau accroissent la fatigue. Alors que nous avons la chance d’être cinq à bord, nous avons une pensée toute particulière pour le skipper solitaire de Steven qui, en panne de pilote, a fait 750 milles seul à la barre avant de parvenir à l’île de Pâques ou au couple de Pégase qui a effectué une traversée de l’Atlantique sans pilote. Chapeau ! Mais, d’une certaine manière, nous reconnaissons avoir apprécié ce retour à la navigation de nos jeunes années où seule l’écoute de grande voile enroulée autour de la barre franche nous servait occasionnellement de pilote automatique. Nous avons retrouvé, à cette occasion, un vrai plaisir de la barre que nous négligeons trop souvent par facilité électronique.

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                                                          Le long des côtes de Tahiti

Le 7 mai au matin se dessinent les hauteurs de Tahiti, légèrement voilées par la brume. Le vent est toujours soutenu sous le soleil enfin revenu. Fatigués, mais heureux d’arriver au but, nous laissons Tahiti à bâbord pour rejoindre l’île de Moorea par le nord et arriver vers 16h au mouillage d’entrée de la baie d’Opunohu. Les paysages de la côte sont splendides mais nous sommes rapidement rattrapés par un incident de guindeau qui gâche une arrivée aux allures idylliques dans un mouillage un peu étroit. Le temps d’un diagnostic et d’un essai électrique infructueux, les safrans « touchent » et nous devons remonter d’urgence la chaîne à la main. Vers 17h30 nous sommes correctement mouillés de l’autre côté de la baie en compagnie d’une douzaine de bateaux.

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                                           Splendide mouillage à l'entrée de la baie d'Opunohu

Là, surprise, nous retrouvons le petit catamaran allemand à deux mâts croisé aux îles du Cap Vert puis en Uruguay. IL a changé de propriétaire en cours de chemin mais si la route est longue, le monde, lui, est vraiment petit ! 

Il ne nous reste plus qu’à profiter quelques jours de Moorea avant de rejoindre Papeete d’où Catherine et François croiseront le 14 mai à l’aéroport Elisabeth qui nous rejoint pour quelques semaines de navigation entre les îles. Nous aurons vécu avec eux deux des traversées et des escales particulièrement riches et significatives de notre route qui nous laisseront de grands souvenirs. Quant à Catherine nous lui délivrons un Alioth d’or car, pour une première traversée, elle n’a pas choisi le périple le plus facile et son adaptation aux conditions météo nous a tous impressionnés !

PS : quelques photos sont sur l'album S4-8 Tonique Pacifique

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1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 23:27

Situé à 1650km au sud-est de Tahiti, l’archipel des Gambier (23°20S – 134°45W) est composé d’un groupe de dix îles cernées d’un losange de corail qui sépare le lagon de l’océan. Contrairement aux Tuamotu voisines, les îles sont élevées et culminent à près de 500m.

Voici encore un territoire au redoutable passé. Les îles peuplées entre le Xème et le XIIème siècles, ont été découvertes en 1797 par un équipage anglais qui donna à l’archipel le nom de l’amiral parrain de l’expédition. En 1834, fut fondée la première mission catholique de l’île qui convertit rapidement l’ensemble de la population. Honoré Laval, le supérieur de la mission, se fit alors le maître de l’archipel et institua une théocratie qui épuisa la population dans un délirant programme de construction de routes et d’édifices religieux (9 chapelles ou églises et une cathédrale !). De 5000 à 6000 habitants la population déclina, jusqu’à ne plus atteindre que 463 âmes au recensement de 1887. Honni, Laval dut s’exiler à Tahiti en 1871. L’annexion par la France fut prononcée en 1881.

                                    P1050120

 

                                                     La cathédrale de Rikitea                                               

Le lendemain de notre arrivée, nous suivons Shag pour rejoindre un mouillage de rêve situé au nord-ouest du lagon : plages de cocotier, baignades, snorkelling, et pêches nocturnes sur le platier situé à l’extérieur de la barrière de corail. Belle récolte des trois pêcheurs du bord : six cigales, un poin-poin (curieux dormeur porteur de gros points sur le dos) et une langouste ! La pêche aurait été un plein succès si Dominique ne s’était cassé un orteil en traversant la lande de terre qui menait au platier. La fracture donne un goût un peu amer aux deux délicieuses cigales pêchées par notre capitaine du moment contraint à une mobilité réduite pour quelques semaines.

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                                                              Cigales et poin-poin

De retour à Rikitea, nous visitons la ferme perlière de Dominique Devaux, située sur la face ouest de l’île, à 5km de Rikitea. Ici, point de taxis mais une épicière qui accepte que sa fille nous conduise à destination ; le retour, lui, se fera en auto-stop : dans ce tout petit univers, la solidarité est de mise et le sens du service semble aller de soi. La visite de la ferme est passionnante. Quelle entreprise peut dans des bâtiments de quelques centaines de m² plantés sur le lagon associer une activité aussi basique que le nettoyage de produits de la mer, un centre chirurgical de haute précision et un laboratoire de joaillerie qui manie des milliers de perles de grande valeur ? Une ferme de production de nacre. Celle de Dominique Devaux est une des quarante entités qui exploitent cette industrie sur l’archipel. Monsieur Wan, chinois propriétaire d’une des îles, exploite à lui seul 50% des 1200 ha mis en concession par les pouvoirs publics et s’est organisé un  business totalement intégré, de la production au réseau de bijouteries. Nous repartons non pas couverts de colliers de perles mais munis d’un kilo de pied de nacre, le korori, produit en abondance par la ferme et offert par le personnel : c’est décidément une industrie où rien ne se perd. Sur le chemin du retour nous ramassons pamplemousses, goyaves, citrons… Ici la nature est généreuse.

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                                                               Bravo les nacres !

Il y aurait encore beaucoup à faire et à voir, mais nous avons décidé de repartir à 15h ce mercredi, sous un ciel pluvieux et plombé, pour éviter le coup de vent qui menace l’archipel en fin de semaine. Nous tenterons de parer sur notre route les déchets atomiques de Mururoa et nous offrirons une ou deux escales, si le temps le permet, avant notre date limite d’arrivée à Papeete fixée au 14 mai. 

A bientôt !

 

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 19:42

Le mercredi 16 avril au matin, après 24h d’un mouillage très venté et chahuté, doublé de problèmes de chaîne d’ancre un peu critiques, nous mettons pied à terre sur la bellissime plage d’Anakena munis d’un programme pascuan qui n’a plus rien de touristique. La météo propice nous incite en effet à partir au plus vite. Après le coup de vent des deux derniers jours, les creux annoncés sont de 4 à 6 mètres, mais les vents de sud-ouest de 20 à 25 nœuds nous promettent une progression rapide sur la route des Gambier. A 10h, Nano, « notre » chauffeur de taxi, nous attend près de la plage avec son pick-up dans lequel nous chargeons sacs, poubelles et bidons. A l’arrivée au village d’Hanga Roa, nous passons à l’Armada pour les incontournables formalités de sortie avant de rejoindre le centre ville. Luc a en charge les courses de fruits et légumes au marché local d’où il ramènera, entre autres, papaye, ananas, taros et patates douces ; Catherine se rend au supermarché, un peu dévalisé à quelques heures de la livraison par voie aérienne de l’après-midi ; François s’approvisionne en empanadas(1) et récupère le linge à la laverie ; Dominique fait le banquier au cash point et s’occupe d’un certain cadeau d’anniversaire tandis que je suis dispensée de courses pour finalisation de la mise en ligne des deux derniers articles du blog. A 12h, missions respectives accomplies, nous nous retrouvons au pick-up. Un regret, celui de n’avoir pu prendre le temps d’une visite au musée Rapa Nui ; une satisfaction, celle de n’être pas venus mouiller devant le minuscule port d’Hanga Roa dont les abords, écumants de déferlantes, semblent réservés à l’expertise des surfeurs. Après une escale à la station essence, super-Nano avec lequel nous échangeons de chaleureux abrazos, nous dépose vers 13h à la plage des cinq Moaïs. La logistique de départ s’organise à bord (rangements, pliage de l’annexe, préparation des voiles…) et à 16h nous quittons la baie d’Anakena, non sans avoir salué le patrouilleur chilien n°41 qui, en attente d’une possibilité de débarquement de ses passagers et de son chargement, semble avoir supervisé avec bienveillance les six voiliers au mouillage durant les 48 dernières heures. Si l’île de Pâques a marqué notre entrée dans la culture Polynésienne, elle signe irrémédiablement notre sortie du Chili. Adios Amigas y Amigos d’America del Sur ! Les rondeurs verdoyantes de Rapa Nui sont baignées de soleil et c’est avec émotion que nous quittons dans une mer agitée ce petit bout de terre qui répondait autrefois au beau nom de Matakiterani : les yeux qui regardent le ciel. Motu Nui, situé sur la côte sud, échappe à notre champ de vision mais nous emportons avec nous la mémoire de l’homme-oiseau qui a donné naissance, sur cet ilot battu par les flots, à une bien étonnante histoire d’œuf de Pâques (2) .

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                                                                Départ de l'île de Pâques

En mer, notre navigation plein Est nous amène à franchir les longitudes à vitesse accélérée et à vivre quelques journées de 25h pour nous maintenir en phase avec monseigneur l’astre solaire. Le samedi 20 avril, se fêtent à bord les 65 ans de François. Une bouteille de pisco sour, son apéritif préféré, rejoint curieusement le bord au bout d’une ligne de pêche et, faute de poisson, un filet de bœuf aux échalotes confites accompagné de ses purées de taro et patate douce et d’un excellent carmenère chilien, précède un gâteau que l’on ne nomme plus tant il fait partie des incontournables de nos repas de fête.

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                                                                         Pêche au pisco

Passées les 36 premières heures au vent appuyé et à la mer confuse, nous retrouvons notre rythme de croisière : vent portant de nord-est sous gennaker ou spi, soleil. 1400 milles nous séparent des îles des Gambier et les vents s’annoncent soutenus sur tout le parcours. A 400 milles de notre destination, le vent monte à 25-30 nœuds. Les nuages s’amoncellent, les risées sont fortes sous les grains et seule Catherine parviendra à distinguer l’île de Pitcairn que nous laissons à bâbord à quelques milles. A la suite de Robinson et Pâques, voici à nouveau une île à la destinée historique singulière puisque c’est ici, sur Pitcairn alors inhabitée, qu’en 1789 se sont réfugiés les révoltés de la Bounty, accompagnés de quelques tahitiennes et tahitiens enrôlés au passage. Bonne affaire pour les Britanniques puisque ces mutins dont le sort aurait été vite réglé en cas de retour au pays, ont offert à bon compte à la mère patrie ce petit bout de territoire au cœur du Pacifique. De nos jours, l’île est habitée d’une cinquantaine de personnes dont deux familles, les Adams et les Young, sont descendantes des marins de la célèbre frégate. Nous saluons les habitants de l’île à la VHF et notre interlocuteur à l’humour très britannique, se désole que le mauvais temps ne nous permette pas de faire halte mais nous invite à nous arrêter lors de notre prochain passage…

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                                                     Mauvais temps dans le Pacifique

Parallèlement à ces conditions météorologiques qui se dégradent, notre pilote déclare forfait et nous nous organisons pour nous relayer à la barre durant les 72h qui nous séparent de l’arrivée. Notre dernière nuit de navigation se solde par un peu de casse à bord… Le moral est égratigné mais le soleil du matin et le profil des Gambier qui se dessine à l’horizon ont vite fait de réjouir l’équipage. En fin de matinée nous franchissons la barre de corail et entrons au paradis : un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, l’un est sûr, l’autre ne l’est pas... Une dizaine de bateaux sont au mouillage devant le village de Rikitea (1500 hab), situé sur Mangareva, la principale île de l’archipel. Nous retrouvons Shag mais aussi Cypraea qui part malheureusement le lendemain de notre arrivée. A terre, curieuse sensation que celle de se retrouver face à un gendarme français dans une gendarmerie française pour procéder à notre immigration. Etrangère aux cohortes touristiques, la population accueille les équipages de passage avec des sourires éclatants. Les ressources alimentaires locales sont très limitées mais la baguette du boulanger a le pouvoir de se plier en quatre au fond du panier et de délicieux pamplemousses, laissés à disposition par les autochtones, se ramassent à volonté sous les arbres. La météo annonce un coup de vent pour la fin de la semaine : départ après demain ou lundi, selon...

Amitiés de tout l'équipage

Petits chaussons fourrés au fromage, au jambon ou à la viande.

Dans la tradition pascuane, chaque printemps, des nageurs s’élançaient de la falaise de l’île pour recueillir sur l’ilot de Motu Nui le premier œuf pondu par des oiseaux migrateurs (sternes ou frégates). Le vainqueur conférait au chef de son clan le titre d’homme-oiseau, souverain spirituel de l’île pour un an et représentant de Mak-Maké, le dieu créateur.

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 19:25

L’île de Pâques qui répond localement au beau nom de Rapa Nui, est de ces lieux que l’on aborde avec un respect immense, la honte chevillée au  cœur. Respect face à cet îlot du bout du monde où des peuples polynésiens ont eu la force de s’implanter pour y créer l’inimaginable.  Honte sans issue face à l’arrogance de l’homme blanc qui, une fois encore, a détruit sans pitié ce microcosme fragile en imposant des souffrances incommensurables aux populations natives.

Nous arrivons le jeudi 11 avril au petit matin, sous des vents de 25 nœuds près des rivages de l’île. Contact pris avec l’Armada, nous apprenons que les vents de nord-ouest interdisent tout mouillage à Hanga-Roa, le seul village de l’île et nous décidons de nous arrêter sur la côte sud dans la splendide baie de Hotuiti, la plus protégée. Les déferlantes vont bon train sur le rivage, la lande montagneuse du Rano Raraku miroite au soleil et quinze moais -statues de pierre- à l’alignement impeccable reposent sur leur ahu -le socle sacré sur lequel ils se dressent avec fierté. Qu’ont-ils à nous dire ces ancêtres divinisés, eux qui ont vu tant de choses ? L’appel éperdu d’un peuple désespéré sur ce petit bout de terre cerné par les vagues du Pacifique ? Nous ne le saurons jamais et le mutisme qu’ils opposent à notre curiosité et le regard vide qu’ils nous adressent, semblent transmettre à jamais le reproche infini du peuple Rapa-Nui.

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                                                                            Baie de Hotuitu (1er mouillage)

Deux bateaux amis, Sérénité et Grey Pearl, sont présents dans la baie et nous communiquent par VHF des précisions facilitant notre mouillage. Visiter l’île en venant de la mer est un peu « rock and roll » comme dit Catherine et les embarquements et débarquements sont passablement  chahutés. Mais quel privilège que celui de ces vues du large successivement offertes par les baies de Hotuiti, au sud puis plus tard, de Anakena au nord, face à des sites archéologiques et des rivages d’une exceptionnelle beauté !

Nous visitons l’île en compagnie de Christophe, un guide français  recommandé par Arielle, Elisabeth et Jean-François qui ont séjourné sur l’île en février dernier.

 

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                                                           Des auditeurs attentifs...

Le site est fascinant de mystères, de beautés architecturales, de sens du sacré. Les paysages verdoyants et les ondulations des volcans donnent un cadre somptueux à ce musée à ciel ouvert balayé par la douceur d’un climat subtropical aux ondées sporadiques.

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                                                                Site de Tonga Riki

 

En cours de séjour, nous changeons de mouillage, la météo annonçant de forts vents du sud, et rejoignons au nord la spendide baie d'Anakena où nous attendent cinq moais coiffés de leur pukao. Plage de sable et cocotiers donnent à ce site historique -lieu de débarquement des premiers polynésiens- des airs enchanteurs.

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Durant la traversée, nous avons « potassé » notre sujet : « Fantastique île de Pâques » de Christian Mazières et «L’île de Pâques » de Christian Zuber, mais aussi un numéro spécial du National Geographic que nous a procuré notre amie Jacqueline,  « L’île de Pâques, la mémoire retrouvée », l’excellent article de notre ami Philippe Valetoux publié dans la revue de la Société Havraise d’Etudes Diverses déniché par notre amie Christine et par « Le peuple de l’océan » un livre magnifique sur l’art de la navigation polynésienne écrit par l’Amiral Desclèves et offert par notre même ami Philippe. Merci à eux tous !

Nous alternons visites des différents sites de l’île et petites obligations des escales qui sont le seul fait du village d’Hanga Roa. Nous ne savons jamais où nous serons le lendemain car ici ce sont les  vents qui, chaque jour, commandent les lieux de mouillage.

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Lundi, une excellente soirée à terre conclue par un très impressionnant spectacle Rapa Nui, se termine par un retour délicat à bord. Le vent est monté et la mer est agitée. Nous passerons la nuit à veiller le mouillage sous des vents qui montent jusqu’à plus de 40 nœuds et sur des vagues qui rendent le sommeil impossible.  Notre départ prévu mardi 16 avril est de ce fait reculé de 24h car le débarquement en annexe est inenvisageable et il nous faut impérativement retourner à Hanga Roa pour procéder à nos formalités de sortie et faire quelques courses indispensables avant de pouvoir lever l’ancre.

La météo de ce mercredi prévoit un vent de sud-ouest de 20 nœuds tout à fait adapté à notre navigation. Rejoindre les îles des Gambier, situées à 1600Milles, vont, elles aussi, exiger leur dizaine de jours de mer. Ensuite nous ferons route vers Tahiti où nous devons arriver pour la mi-mai, date du retour de Catherine et François pour la France et d’arrivée d’Elisabeth à Papeete.

PS : les quelques photos que nous avons pu télécharger sont dans l'album S4-6 Robinson Crusoé et Pâques

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 20:53

Le mercredi 27 mars, nous nous apprêtons à quitter le Chili continental pour une sortie qui s’égrène en pointillés dans le Pacifique via l’archipel Juan Fernandez, puis l’île de Pâques. Sur les pontons du club d’Higuerillas, les marineros, peu habitués à l’accueil de bateaux étrangers, nous transmettent des marques de sympathie chaleureuses. Les formalités d’usage, habituellement longues et fastidieuses, se déroulent dans des conditions incroyables de confort, de courtoisie et d’efficacité : invitées par le club à se présenter à bord, la douane et l’émigration viennent à l’heure annoncée, quant au Zarpe, le document de départ qui doit faire l’objet d’une validation par l’Armada, il nous est octroyé après simple échange de mails entre secrétariat du club et marine nationale. Du jamais vu ! Le Jumbo, l’hypermarché chargé de la livraison des produits frais du bord est malheureusement plus approximatif dans sa gestion logistique mais en début d’après midi nous pouvons nous déclarer près pour le grand départ.

La mawada -temps de brume sans vent- s’est incrustée depuis le matin et jusqu’à 23h30 nous sommes contraints de recourir au moteur. Puis le vent se lève dans les 8-10 nœuds pour monter progressivement à 15 nœuds et atteindre 25-30 nœuds dans le milieu de journée du jeudi ce qui nous permet de poursuivre à une moyenne appréciable de 8-9 nœuds le reste des  370 milles nautiques qui nous séparent de l’archipel de Juan Fernandez. Celui-ci est essentiellement composé de deux îles: Robinson Crusoé à l’est et Serkik à l’ouest. Leurs noms sont liés à l’histoire vraie d’Alexander Serkik transposée par Alan Defoe dans son célèbre roman d’aventures « Robinson Crusoé ».

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Rien ne vaut le court résumé que fait Alain Jaubert de cette aventure dans son roman « Val Paradis » :

« Grand navigateur, flibustier, grand écrivain, scientifique botaniste, Dampier s’est intéressé aux courants marins, aux vents. Il avait commencé dans la marine britannique. Après il a suivi des flibustiers. Il est revenu servir sous le Capitaine Cook. Il a fait le tour du monde. Il avait un caractère de cochon. Inimaginable. Au point qu’un jour on l’a débarqué sur une île ! Capitaine tyrannique, il est passé en cour martiale et se fait corsaire.

En 1708, il s’engage comme pilote dans l’expédition de Wooders Rogers vers la mer du Sud, le Pacifique. Après le passage du Horn, lui et Rogers font escale dans une île de l’archipel Juan Fernandez. Juste en face, à 700km de Valparaiso. Et là, ils tombent sur un homme poilu, chevelu, vêtu de peaux de chèvres. Un certain Alexandre Serkik, ancien maître d’équipage à bord du Cinque Ports, un navire qu’avait commandé Dampier bien des années plus tôt. Selkirk, d’origine écossaise avait lui aussi très mauvais caractère. Quatre ans auparavant, il avait eu un différend avec son capitaine et avait préféré courir sa chance dans cette île déserte plutôt que de rester sur un navire qui prenait l’eau. Il n’avait que son coffre de marin, sa literie, un fusil, de la poudre, des balles, du tabac et une bible. Il y avait des chèvres et il mangea des chèvres. Il y avait des tortues et il mangea des tortues… Vous connaissez la suite. Il s’installa un logement confortable et ne s’ennuya pas un seul jour.

Dampier et Rogers embarquent Selkirk, le ramènent à Valparaiso d’abord puis plus tard à Londres. Son histoire racontée à son retour, frappa l’imagination d’un troisième homme à caractère de cochon, Daniel Defoe. Defoe, commerçant, aventurier, spéculateur, espion, journaliste, pamphlétaire politicien, conseiller royal… il a connu le pilori et la prison. En 1719, il publie Robinson Crusoé, le plus grand succès de librairie du XVIIIème siècle. Le roman d’aventures à la première personne ! L’île déserte ! »

Encore faut-il préciser que Defoe a situé son roman, non pas dans les îles chiliennes de Juan Fernandez, mais dans les Caraïbes d’où une description de l’univers de Robinson qui n’a pas grand-chose à voir avec la réalité des hautes îles volcaniques de l’archipel de Juan Fernandez.

Cette histoire aux allures mythiques nous confronte à la question de l’isolement et de la solitude extrêmes, à nos modes de civilisation et de socialisation, à la relation à l’autre, à l’appréhension de la nature et du monde du vivant. Michel Tournier dans « Vendredi ou les limbes du Pacifique » a repris ce thème en explorant l’évolution de la relation entre Robinson et Vendredi qui, de maître à esclave, se fait peu à peu rapport d’égal à égal. Patrick Chamoiseau dans « L’empreinte à Crusoé », publié en 2012, reprend l’histoire pour en faire un conte psychologique et philosophique magnifique.

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Notre arrivée sur l’île Robinson Crusoé a lieu le vendredi (bien sûr !) vers 17h après une traversée bien inconfortable. Une navigation assez près du vent et une mer décousue font souffrir quelques dos et agacent les estomacs d’un équipage non encore amariné. Nous abordons le mouillage, sous le soleil et bon vent, avec une pensée toute particulière pour le héros du lieu. L’île a perdu son caractère désertique mais n’est peuplée que de quelques centaines d’habitants qui se consacrent à la pêche à la langouste dont livraison nous est promise à bord en lieu et place de l’agneau pascal. Une petite exploration à terre le vendredi soir permet de prendre un contact sommaire avec le petit village.

Le samedi matin, nous nous réveillons dans le pot de chambre de Robinson Crusoé : une pluie abondante s’est abattue sur l’île nous offrant l’opportunité d’une matinée reposante mais le ciel se découvre en milieu de journée et nous permettant de  nous dégourdir sur les chemins d’Alexandre.

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Nous cheminons vers les miradors de Selkirk, d'où nous pouvons imaginer les temps d'attente et d'observation, les moments d'espoir et de désespoir... A mi-côte, quelques pierres marquent les fondations de la maison située à proximité d'un ruisseau. Les pêcheurs ne livreront pas les langoustes à bord, pour cause probable de mauvais temps.

Nous prévoyons un départ dimanche matin, jour de Pâques, pour rejoindre, si le vent le permet, l’île du même nom découverte par un amiral hollandais qui, arrivé le 5 avril 1722, jour de la fête pascale, l’a dénommée « Paasch Eylandt ».

Rien n’est moins sûr que notre débarquement sur l’île dont nous pouvons être détournés soit par les conditions anticycloniques qui règnent très souvent aux alentours de l’île et qui nous obligeraient à trop de journées de moteur, soit au contraire par des conditions de vent et de mer qui rendraient l’abordage impossible.

 

PS : les quelques photos que nous avons pu mettre en ligne sont sur l'album S4-6 Robinson Crusoé et Ile de Paques

 
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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 19:29

Ils sont arrivés ! Très attendus, Catherine, François et Dominique ont mis pied à bord ce lundi pour six semaines de navigation entre les îles : en premier lieu les chiliennes Robinson Crusoé (toute une histoire…) et Pâques, puis la Polynésie française abordée par les Gambier. Seuls impératifs du calendrier, le départ programmé de Catherine et François de Tahiti pour la Bretagne le 12 mai, l’arrivée à bord d’Elisabeth le 15 du même mois et enfin le retour du team Alioth en métropole le 12 juin pour une courte période de deux mois et demis.

Comme de coutume, les préparatifs ont été intenses tant pour l’équipe du bord que pour les arrivants. Dominique, revenu en France pour l’assemblée générale de la Fédération Française de Voile, a réussi, entre deux validations de comptes, à faire le plein des pièces détachées. L’inverseur particulièrement désiré, a été monté avec succès -et transpiration- par le mécano ce matin , laissant espérer un retour du moteur à plus de performance. Les voiles qui ont séjourné un mois chez le voilier ont repris place ce lundi effaçant la curieuse sensation ressentie ce dimanche de se savoir, à deux jours du départ, dépourvus et de voiles et de moteur !

Assurer une quasi autonomie alimentaire d’une dizaine de semaines pour cinq personnes est une équation qui nécessite réflexion et dans laquelle Jérôme, notre coéquipier du mois de février, a apporté une note très appréciable : pain du Fournil qui attendait Dominique à la boutique de l’aéroport et vin de la Vinoteca de Viňa del Mar à laquelle Luc a eu accès à des conditions fort amicales. Le plein de courses a été « vraiment phénoménal » et responsable d’un stress indéfinissable lors de la confrontation, sur le ponton, entre volume des vivres à embarquer et estimation de la place disponible. Mais avec un peu d’imagination et  d’investigation, chaque chose a fini par trouver sa place à bord.

Luc et moi avons eu le plaisir d’être reçus à Viňa del Mar chez nos jeunes amis Andrea et Alexander en compagnie de leur tante Karine qui nous avait invités l’an dernier dans sa maison patagonienne de Puerto Consuelo et en compagnie de laquelle nous avons effectué la seule randonnée équestre de notre longue existence. Andrea abandonne sa vie de diététicienne pour entamer ses études de droit, Alexander achève son cycle de formation de pilote de l’air de l’Armada chilienne en juin prochain et Karine écrit un ouvrage sur l’histoire de son célèbre ancêtre,   Hermann Eberhard, pionnier allemand qui, fuyant l’armée prussienne dans laquelle son père l’avait enrôlé sous la contrainte, est venu avec femme et enfants s’installer aux Maldives, puis en Patagonie argentine, puis à Puerto Consuelo pour se consacrer à l’élevage du mouton. Ximena, que nous avions rencontrée dans le même contexte, nous a rejoints lundi pour la soirée d’accueil de l’équipage et a passé joyeusement une nuit à bord avant de reprendre le chemin de Santiago.

Une fois n’est pas coutume, nous publions ici, le texte d’un message reçu de notre ami Bernard qui avait envisagé de nous rejoindre à Valparaiso en compagnie de Béthou et qui participeront peut-être l’un et l’autre à notre navigation polynésienne. L’auteure très modeste de ce blog mesure la distance qui la sépare d’une plume si alerte…

 

 « Chers grands voyageurs,

 La SNCF, institution dont la réputation n'est plus à faire, m'a fait don d'une carte "Senior", ce qui m'irrite un peu, preuve étant par là rapportée que ces bains réguliers que je prends dans la fontaine de Jouvence sont inopérants et que l'âge m'atteint, quoique je lui défende de m'approcher... et, pour compenser sans doute cette méchanceté à mon endroit, ladite SNCF m'a fait le don d'une deuxième carte, plus sympathique, dite "Grand Voyageur" - ils savent qu'il y a en moi de l'aventurier qui sommeille !

Je me permets de souligner que Béthou - qui est pour moi comme un alter ego - son point de vue personnel est que je serais plutôt pour elle un boulet - dispose, par la même générosité, des mêmes cartes fournies la même SNCF.

Cet aventurier que j'avais décidé d'être (il est vrai qu'au temps de ma folle jeunesse et des aventures germanopratines cette destinée avait de quoi séduire l'âme malléable que j'étais) aura finalement cédé au pantouflard qui, également, contre lui, se disputait en moi à qui serait le maître.

Tisonner, lire Télérama, déplorer sur l'état du monde et la décadence des sociétés modernes, bougonner sur le prix des poireaux, m'alarmer sur l'évolution de la conduite des jeunes filles... tout cela fait désormais mon lot alors que j'aurais pu, à l'instar d'un Siegfried, d'un Rodrigue, d'un Achille choisir une destinée audacieuse et accomplir ces hauts faits que les épopées versifiées nous exaltent.

De temps à autre, je pousse des cris dans ma baignoire, c'est pour faire semblant et que je soupire de n'être pas à Valparaiso, après avoir affronté et les vents et les mers (et nous a raconté la délicieuse Elisabeth, les pannes de moteur...) en votre auguste compagnie...

Je suis heureux de vous savoir parvenus à ce port mythique (ou à Viňa del Mar, voisin) et suis confus à votre endroit d'avoir abdiqué sans honneur la volonté que j'avais de vous rejoindre dans cet hémisphère que la Croix du Sud féconde de son sidéral éclat...

Sachez que j'aurais aimé vous retrouver là-bas et qu'il me faudra, pour ne pas manquer un rendez-vous pourtant prévu de longue date, vous rejoindre ailleurs sur le globe. Tahiti ? Béthou qui y a vécu de belles années, avant que je ne lui impose la modestie de cette vie lymphatique, serait heureuse d'y retrouver le rythme des ukulélés sous les mangroves arborescentes, les bains joyeux dans les atolls de corail azurés, l'arbre à pain dégusté à même le végétal...

Sur votre route, il y aura Clipperton, possession française, que je ne crois pas être desservi par les longs courriers d'Air France. Difficile peut être de se rencontrer là-bas ?

 Béthou et Bernard »

J’espère que notre ami Bernard aura la sagesse de bientôt prendre sa retraite. Outre le temps dont il disposerait alors pour nous rejoindre à bord, il aurait tout loisir d’initier, dans la bonne ville de Saint Vaast la Hougue dont chacun connaît le si fameux Festival du Livre « Encres & Ancres », des stages d’écriture bien utiles au perfectionnement de ma prose.

Si vous voulez suivre Alioth, vous pouvez enregistrer le lien suivant dans vos favoris : http://www.stw.fr/localisation/show-position-bateau.cfm?user_id=29041

Joli printemps à tous, pour nous c’est un bien bel automne qui s’annonce.

Ch

PS : pour les photos ce sera pour la prochaine fois...

 

 

 

   



[1] Ne pourrait-on pas tout autant s’effarer de la conduite des jeunes gens ? NDLR

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 19:54

 

Arielle et Dominique rentrés sur Paris après avoir effectué différentes explorations de l’Amérique du sud (désert d’Atacama, Ile de Pâques, Machu Picchu) en compagnie d’Elisabeth et Jean François qui furent nos premiers co-équipiers de la saison, nous avons Luc et moi, abandonné Alioth durant un petit mois, pour entreprendre une promenade de terriens sur le chemin des Incas. Il nous a suffi d’une carte d’Amérique du sud, d’un guide (rapidement perdu en cours de route), d’un sac à dos chargé de quelques affaires (moins de 10kg chacun) et du fantastique réseau de bus qui sillonnent l’Amérique du sud pour remonter de Valparaiso au nord du Chili, puis traverser les Andes pour rejoindre le nord de l’Argentine, de là passer en Bolivie puis au  Pérou pour redescendre enfin à Valparaiso. 

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Voici des petits chapitres illustrés que vous pourrez parcourir selon vos centres d’intérêt.


Les Andes

Les Andes sont la colonne vertébrale de l’Amérique du sud. Elles s’étendent sur 7000km, du nord au sud du continent et culminent au mont Aconcagua à 6959m d’altitude. Il y a quelques centaines de millions d’années, l’Amérique du Sud n’était qu’une immense plaine, partiellement envahie par les eaux de l’Atlantique.

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Contrairement à ce que l’on pense, surtout lorsqu’on vit en France où le sol est particulièrement stable, la terre, animée par le magma qui brûle en son centre, est en constante évolution. C’est ainsi que la plaque tectonique de Nazca, située au fin fond du Pacifique et dont le mouvement pousse toujours actuellement vers l’est, est venue, à une époque très ancienne, buter sur le continent sud américain, compressant la terre et provoquant la formation de la Cordillère des Andes.

C’est ainsi que de nombreux volcans se sont formés : il y en a 150 en activité au Chili, soit 10% des volcans actifs de la planète. Dans ce type de terrain, les failles de la croûte terrestre laissent apparaître des geysers sous forme de fumeroles ou de jets d’eau bouillonnante provenant du contact des eaux de pluie infiltrées avec un sous-sol constitué de pierres très chaudes.

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Si l’eau sort le plus souvent à 80 ou 85°, on peut aussi se baigner à 4000m d’altitude dans des piscines d’eau naturelles à 35°.

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Il arrive également que ce soit de la pierre en fusion qui s’échappe sous forme de grosses bulles de chewing-gum grises qui éclatent à la surface.

Lors de la formation des Andes, l’eau de l’Atlantique, piégée entre les sommets, a par ailleurs donné naissance à de gigantesques lacs d’eau salée. L’eau s’est évaporée petit à petit laissant sur place d’immenses étendues de sel qu’on appelle, les salars, dont certains sont lourdement menacés par l’exploitation du lithium, très utile à l’industrie électronique et qu’on trouve ici en très grande quantité.

Hormis ces particularités, il faut souligner qu’une bonne partie de ce magnifique territoire est totalement désertique. Lors de notre voyage de retour, nous avons traversé environ 2000km de déserts, parfois ponctués d’oasis, mais aussi souvent équipés d’installation minières assez tristes (et laides) destinées à l’exploitation des matières premières dont le sous-sol est riche (cuivre, argent…).

P1040592                                                                Dans le désert, un restaurant qui porte mal son nom....

 

 

Les dinosaures

Revenons à l’époque où l’Amérique du sud n’était qu’une vaste plaine. Il y a 235 millions d’années y apparurent des animaux que beaucoup d’entre vous aimez voir au cinéma ou sous forme de jeux électroniques mais redouteraient de rencontrer en réalité (à vrai dire, nous aussi) : les dinosaures.

En Bolivie, existe un site tout à fait exceptionnel, qui permet de voir des traces de dinosaures fossilisées.  On décompte ainsi sur une paroi de plusieurs centaines de mètres de large 5055 empreintes de pattes (dont certaines font 70cm de diamètre) et 462 cheminements continus de 8 espèces différentes de ces géants du monde animal. La route habituelle qu’ils empruntaient à l’époque s’est trouvée soulevée lors de la formation de la Cordillère des Andes pour se retrouver inclinée à 70° du sol ce qui permet d’en faciliter l’observation.

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Un musée reproduit, à proximité de la paroi, des dinosaures en taille réelle sous forme de « térépodes » aux petites pattes courtes à l’avant (comme les kangourous), de « titanosaures » qui, comme leur nom l’indique, sont les plus grands, les «anquilosaures » qui ont de grosses écailles saillantes sur le dos… On y apprend, mais peut-être le saviez-vous déjà, que les herbivores ont des grosses pattes type pattes d’éléphants alors que les carnivores sont dotés de doigts griffus : logique quand on y pense !

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Il  y a 65 millions d’années, une énorme météorite s’est écrasée dans le golfe du Mexique (entre Amérique du nord et Amérique du sud) créant un gigantesque tapis roulant de fumée et de poussière qui a parcouru tout le territoire comme un ouragan et marqué l’extinction des dinosaures. Seuls les dinosaures ailés ont pu survivre donnant ainsi naissance aux oiseaux : jolie fin de l’histoire !


Les habitants

Les natifs d’Amérique sont des indiens -ainsi dénommés par Christophe Colomb qui, parti vers l’ouest, se croyait arrivé en Inde sans se douter que bien des terres et mers le séparaient encore du continent asiatique. Les Indiens ont pris l’habitude de vivre en grande altitude car, compte tenu de la latitude, la végétation pousse ici jusqu’à 5000m.

Les natifs de ces régions font perdurer leurs traditions : des costumes très colorés, de grandes fêtes masquées en l’honneur de la lune ou du soleil accompagnées des rythmes et musiques des Andes dans laquelle la flûte de Pan a une place privilégiée. Ils ont un savoir faire tout à fait extraordinaire dans la confection de textiles tissés à partir des laines de lamas, de vigognes ou d’alpacas.  

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                                                                                   Masques du soleil et de la lune

 

Les choltas, les femmes qui s’habillent de manière traditionnelle,  portent des jupes plissées qu’elles superposent en plus ou moins grand nombre selon la saison car il peut faire très froid l’hiver sur l’altiplano, la région des hauts plateaux qui se situe à 4000m au milieu de la Cordillère. L’awayo est un grand morceau de textile tissé et carré, très coloré qu’elles mettent sur leur dos pour porter leurs jeunes enfants, les légumes destinés au marché ou tout simplement leurs affaires (mais pas forcément tout en même temps !)…

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Elles ont, surtout en Bolivie dans la région de La Paz, la capitale la plus élevée du monde, une tradition de port d’un petit chapeau melon sur le crâne. Il est très petit pour leur tête et tient sans aucune attache ce qui relève d’un certain sens de l’équilibre. Ces petits chapeaux melon sont le résultat d’une drôle d’histoire. Il y a bien longtemps de cela, un colon installé en Bolivie avait commandé en Europe des chapeaux melon mais le fournisseur s’étant trompé dans la commande, il reçut des chapeaux en telle quantité qu’il ne savait qu’en faire. Alors il lança la nouvelle que ce chapeau était le tout dernier accessoire féminin à la mode en Europe et qu’il fallait absolument s’en procurer : c’est ainsi que les femmes, victimes d’un boniment de commerçant, ont fait de ce chapeau une des caractéristiques de leur toilette… Mais tout ceci se perd et les femmes jeunes revêtent de plus en plus souvent la tenue internationale, jean et tee-shirt, commune aux habitants des quatre coins de la planète.

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Les enfants sont bruns aux yeux noirs, légèrement bridés. Si notre petite fille Charlie pouvait facilement se faire passer pour une habitante des hauts plateaux des Andes, nos petits fils Alexandre et Raphaël,  les petits blonds aux cheveux frisés, ne cesseraient d’intriguer dans le paysage. Les enfants vont à l’école en uniforme et le plus souvent dans des établissements séparés : les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Là-bas aussi, il arrive parfois aux enfants d’être en retard…

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Dans une école de Potosi (Bolivie) où nous sommes autorisés à entrer, le surveillant général malgré son grand bâton rouge a l’air bien débonnaire et les garçons sont très fiers que nous les prenions en photo.

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Ici des petits enfants en costume traditionnel posent pour la photo. En revanche eux sont tristes. Ils sont d’une famille très pauvre et leurs familles les habillent ainsi pour que les touristes les prennent en photo. Le tourisme a des effets qui ne sont pas toujours très positifs et on s’interroge pour savoir s’il vaut mieux donner un peu d’argent ou ne pas encourager ce genre de pratique…

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Les Incas

Peut-être avez-vous déjà entendu parler des Incas et du monde pré-Inca ? Ne serait-ce qu’en lisant « Tintin et le temple du soleil » ?

Il s’agit d’une civilisation de peuples indigènes qui vivaient essentiellement dans les Andes centrales et qui a été victime de la colonisation espagnole à la suite de la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Beaucoup de mythes fondent cette société dont le berceau serait situé au niveau du lac Titicaca, un immense lac d’eau douce de 162 km de long et 65 km de large, le plus haut du monde, qui s’étend entre la Bolivie et le Pérou. Les Incas, du XIIème au XVème siècle, ont intégré de nombreuses populations -si possible de manière consensuelle, mais sinon par la force…- jusqu’à créer un empire allant du sud de la Colombie au sud de Valparaiso. Ils ont construit un énorme réseau de chemins, de villes et de sites aux très grandes qualités architecturales et aux palais richement décorés d’or, d’argent et de pierres précieuses. Leurs sites les plus célèbres, dont le Machu Picchu, sont localisés au Pérou.

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Fins observateurs astronomiques, les Incas ont intégré leur univers terrestre aux données de l’univers cosmique : soleil et astres commandaient l’orientation des bâtiments et la disposition des sites clés de l’empire. Ils ont par ailleurs développé le génie agronomique de leurs ancêtres, lié leur mode de vie à la nature et fait preuve d’une très grande intelligence dans l’organisation de leur société.

Parmi les divinités Incas, figuraient les montagnes. C’était en effet de ces dernières que provenaient les nuages et la pluie, les orages et les éclairs et les Incas leur portaient une véritable vénération. Ils considéraient que les montagnes, dotées de pouvoirs surnaturels, pouvaient se déplacer. Une légende qui nous a été racontée dans le désert d’Atacama au nord du Chili, illustre bien ces croyances. Il s’agit de l’histoire des « dos hermanos », les « deux frères » -mais cette fois, ne vous y trompez pas,  il ne s’agit pas de Dominique et Luc !

Los dos hermanos ce sont le Licancabur et le Juriques deux montagnes voisines situées du côté ouest de la vallée de la lune, un immense désert salé au paysage lunaire de l’autre côté duquel se trouve le Quimal que l’on n’aperçoit que de manière très éloignée sur la photo suivante mais qui ressemble un peu à une grosse montagne avachie, vous allez voir pourquoi.

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Voici en effet l’histoire que racontaient les Incas à leur propos. Les deux frères, qui étaient de taille semblable, ne cessaient de défier le Quimal en affirmant que leurs sommets étaient les plus élevés. Celui-ci, ne se laissant pas impressionner, soutenait le contraire. Les deux frères passèrent à l’attaque  mais le Quimal se défendit vaillamment et ils revinrent chez eux penauds. Pour se venger le Quimal prit sa hache, se dirigea vers le Licancabur et lui donna tant de coups qu’il en garda de profonds sillons. Puis il se dirigea vers le Juriques et d’un coup de hache décapita son sommet. Alors le Licancabur rentra dans une très grande colère, il partit voir le Quimal et le heurta à la poitrine avec une telle violence que celui-ci s’effondra à moitié en se tassant sur place. Voici des désordres bien étonnants pour des divinités : on dirait presque des histoires humaines…

Nous devons souligner que demeure à Quettehou, au moins en résidence d'été, un grand expert des civilisations pré-colombiennes, notre ami Jean-François, qui nous a fourni une très intéressante documentation sur le sujet avant notre départ.


Les animaux

Dans les Andes centrales vivent des caméléidés (c'est-à-dire des animaux de la famille des chameaux et dromadaires) : dans le sud nous avions rencontré des guanacos ; ici vivent des lamas (les plus rustres), des vigognes et des alpacas.

P1040348                                                                                               Lama

 

Il est amusant de savoir comment les lamas ont hérité de leur nom à l’arrivée des espagnols. Très intrigués par ces animaux qui leur étaient inconnus, les conquérants ne cessaient de demander aux indigènes : « Como se llama ? » (ce qui en espagnol veut dire : « Comment cela s’appelle ? ») au point qu’à la longue les indigènes leur répétaient « llama, llama » et que le nom espagnol de ces animaux devint llama qui en français donna lama. (Notez que le ll espagnol se prononce li)

Du côté du désert règnent les renards mais aussi les viscachas, sorte de gros lapins à longue queue que l’on trouve aussi en altitude.

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Les flamants roses sont nombreux du côté des salars. On pourrait penser, à les voir, qu’ils passent leur journée, tels Narcisse, à admirer leur reflet. Mais non, ils consacrent 12 à 13 h par jour à manger de minuscules crevettes qui circulent dans l’eau du salar.

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Trois animaux étaient sacrés aux yeux des Incas : le condor (que nous ne vous présentons plus), le puma, un magnifique félin qui semble en voie de disparition, et le serpent. Ces deux derniers, que nous avons eu la chance de ne pas rencontrer, vivent plutôt dans les basses terres amazoniennes de l’autre côté des Andes.


Les plantes

Dans les régions semi désertiques, poussent de grands cactus qui atteignent plus de 10m en croissant au rythme de 2cm par an. Les figues de Barbarie sont également des fruits de cactus délicieux mais nous avons oublié de les prendre en photo.

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Les Indiens cultivent traditionnellement la pomme de terre, issue d’Amérique du sud, et dont on dénombre ici plus de 250 sortes !  Le maïs fait également partie de l’alimentation de base et, en altitude, entre 4000 et 5000m se cultive la quinoa qui est une excellente céréale que vous pouvez acheter au supermarché proche de chez vous.

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                                                                                                Quinoa

 

Il faut ajouter que nous sommes en zone tropicale et que les fruits, qui poussent dans la plaine, sont délicieux (mangues, raisins, fruits de la passion, fraises…).

 

Voici un résumé de notre petit tour à terre. Nous espérons que vous êtes maintenant prêts à aborder l’île de Robinson Crusoé : c’est pour bientôt car Dominique et nos amis Catherine et François arrivent lundi prochain pour entamer la traversée du Pacifique !

Nous vous embrassons en souhaitant à tous un joli printemps et aux CM2 de Quettehou de belles navigations à l’île mythique de Tatihou lors de leur session de voile scolaire qui est maintenant très proche. Nous ferons tout notre possible pour être présents lors de la régate inter-écoles dont il faudra nous rappeler la date.


Christiane (et Luc, fidèle relecteur attentif)

PS : les photos correspondant à cet article sont sur l’album S4 – 5 Promenade andine. 

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